N’ÊTRE POUR LA MÈRE

Le repérage de cette féminité de la mère n’est pas sans causer une difficulté à l’enfant, mais elle est structurale et structurante.Le Nom-du-Père ne suffit pas à résorber toute la jouissance de la femme qui est sa mère, ce qui conduit chaque enfant à devoir construire sa réponse singulière. C’est la thèse de ce livre

 » Pourquoi ce chemin plutôt qu’un autre ? « 

Rappelons que c’est dans l’épreuve du désir de l’Autre que se constitue le sujet : « Si le désir de la mère est le phallus, l’enfant veut être le phallus pour la satisfaire [ … ] » mais « [ …] ce qu’il a ne vaut pas mieux que ce qu’il n’a pas [ … ] ». Alors, face à quoi se trouve-t-il ?

Ce qui est décisif, c’est « d’apprendre » que la mère elle-même, manque Encore faut-il qu’elle y consente, car quand le manque manque, surgit l’angoisse, noeud de multiples symptômes.

E. Leclerc-Razavet Du rififi dans notre civilisation

«  Si la crainte de la castration est au principe de la normalisation sexuelle [ … ] « , c’est « [ … ] l’assomption de la castration qui crée le manque dont s’institue le désir.1 » Cet énoncé de Lacan se place dans le strict sillage de Freud. Il évoque ce qui concourt à l’institution du désir pour le garçon, du point de vue de la norme oedipienne, qui est aussi « norme mâle ». Il faut d’abord remarquer que l’affaire de la castration se joue pour le sujet entre ces deux termes, « crainte » et « assomption ». La crainte est la conséquence du drame que constitue la rencontre avec la castration maternelle. Cause d’angoisse, elle est ce qui risque de figer le sujet médusé dans la passivité et participe à le « décoller de son existence »1

C’est à ce niveau que se situent l’émergence du sujet et la formation de nouveaux symptômes. Le cas du petit Hans est exemplaire. Après cette rencontre avec la castration maternelle, dit Lacan, « quelque chose doit changer » dans le sujet. Elle est donc, par le bouleversement qu’elle génère, l’ouverture d’une nécessité, d’un ça doit changer, ça ne peut plus rester comme avant. Il ne sera plus possible de faire comme s’il ne s’était rien passé. Le sujet qui émerge là, dans l’extrême urgence, est propulsé vers une conclusion qui implique de prendre position dans la sexuation. La rencontre avec l’analyste est ici ce qui oriente le sujet vers une sortie de crise, là où trop souvent il « risque de se figer dans la passivité ».

L’assomption de la castration, c’est tout au contraire, idéalement, la sortie de crise, le consentement, l’acceptation de mettre hors-jeu le pénis réel, la promesse d’apprendre plus tard à savoir « faire avec ». Elle relance le désir, pousse à la reprise de l’activité, apaise les symptômes et fonde l’avènement du sujet comme « être pour le sexe », et non plus comme être pour la mère. Le symptôme phobique de Hans fait trace de cette rencontre avec la castration de la mère. Mais elle nécessite tout un travail d’analyser pour s’en sortir, cahin-caha. 

G. Haberberg, La phobie comme réponse


Extraits  de Rencontres avec la castration maternelle, Études psychanalytiques, L’Harmattan

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