FANNY ARDANT

L’important c’est de lire 

– Quels sont vos premiers souvenirs de lecture ? Vos premiers émois ?

– Je pense que c’est Alexandre Dumas.

– Quel âge ?

– 10 ans.

– On dit souvent que c’est une lecture de garçon, Alexandre Dumas ?

– Peut-être. Je pense avoir été très frappée par le Comte de Monte Christo. C’était comme une leçon de vie. C’était très difficile après de rentrer dans la grisaille et la résignation alors que là le Comte de Monté Christo ça donnait l’idée que dans la vie on peut toujours s’en sortir. C’est comme si c’était la victoire des vaincus et des humiliés.

Je suis sans lois ni règles. Je n’ai pas de panthéon. Je n’ai pas de respect des chefs d’oeuvre. Je peux lire n’importe quoi et puis tout à coup avoir mis au même rang un livre que j’avais lu et qui m’avait plus ou moins plu et puis tout à coup découvrir un chef d’oeuvre. Je n’ai pas du tout eu la notion de « pas perdre mon temps », j’ai jamais eu l’impression de perdre mon temps en lisant n’importe quoi le pire comme le meilleur. Souvent je me disais il y a les livres et la Littérature. La littérature non seulement on me racontait une histoire, donc ça c’est les grands écrivains, mais qui me donnent aussi une vision de la vie, qui m’aidait à vivre, un style qui rentrait en vous comme la pluie…

J’ai lu en désordre. […] J’aime beaucoup les librairies. Un peu comme les forêts. Comme les chiens entrent dans les forêts. C’est toujours une promesse de bonheur une librairie. On les voit tous, avec tous ces livres, on peut devenir fou. Je fais confiance à la 4e de couverture. Ce qui est très dangereux. Dès que je vois loufoque ou burlesque, je le jette mais si je vois mélancolique, tragique, noir, sombre, exalté, romanesque alors tout de suite j’y vais.

La littérature ça me console. Dans la littérature il y a quelque chose qui résout les choses. Nous mettons une vie à vivre à se colleter avec les échecs, les difficultés, les espérances, les illusions. Un grand écrivain c’est un clairvoyant, c’est quelqu’un qui a une distance par rapport à vous. Il vous fait gagner du temps. Souvent on me disait « ceux qui aiment la vie ne lisent pas! » Moi je crois que c’est le contraire, ça vous fait gagner du temps la littérature.

J’ai souvent dit cette phrase qu’on lisait comme on se drogue pour intensifier la vie ou pour oublier le chagrin. Après curieusement non seulement vous avez oublié le chagrin mais vous avez envie de vivre.

C’est exponentiel la littérature, c’est parce que vous lu un livre qui fait allusion à quelque chose alors vous voulez allez voir ailleurs. Je pense que la littérature c’est ce qui permet d’être autodidacte. On ne fait plus parti de chapelle, on ne fait plus parti de groupe. On est tout seul. C’est ce qui libère. Vous lisez n’importe comment. Vous lisez n’importe qui. Vous devez faire confiance.

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