» J’AIMERAIS CONNAÎTRE UN JOUR UN AMOUR QUI NE ME COÛTE RIEN « 

Oh non! … Et pourtant. 

VIII

Maintenant que les exposés qui précèdent nous ont familiarisés avec le travail du rêve, nous serons sans doute enclins à l’expliquer en y voyant un processus psychique tout à fait particulier dont, à notre connaissance, il n’existe pas d’équivalent. C’est sur le travail du rêve qu’est passé en quelques sorte le déconcertent que provoquait d’ordinaire en nous son produit, le rêve. En réalité, le travail du rêve n’est que le premier des processus psychiques par nous découverts dans une série d’autres, processus auxquels il faut ramener la genèse des symptômes hystériques, des idées anxieuses, obsédantes et délirantes. La condensation et surtout le déplacement sont deux caractères qui ne manquent jamais à ces autres processus. Le remaniement dans le sens de la visualisation reste en revanche particulier au travail du rêve. Si cette explication place le rêve dans la même série que les formations qu’on observe lors de l’entrée dans une maladie psychique, il deviendra d’autant plus important pour nous de connaître les conditions essentielles qui déterminent des processus tels que la formation du rêve. Nous verrons probablement non sans surprise que ni l’état de sommeil ni la maladie ne font partie de ces conditions indispensables. Toute une série de phénomènes de la vie quotidienne des gens bien portants – oubli, lapsus lingual, méprises, et une certaine classes d’erreurs – doivent leur naissance à un mécanisme analogue à celui du rêve et des autres membres de la série.

LA COMPULSION DE RÉPÉTITION

 » C’est plus fort que moi « 

La floraison précoce de la vie sexuelle infantile est destinée au déclin parce que les désirs y sont incompatibles avec la réalité et parce que l’enfant n’a pas atteint un stade de développement suffisant. Elle trouve sa fin dans les circonstances les plus pénibles, au milieu de sentiments profondément douloureux. La perte d’amour et l’échec portent au sentiment d’estime de soi un préjudice durable qui reste comme cicatrice narcissique ; c’est là, selon mon expérience et les vues de Marcinowski, ce qui contribue plus que tout au « sentiment d’infériorité » si commun chez les névrosés.

UNE ÉCUME DES JOURS

La pensée dite positive sera toujours et de tout temps en vogue car le quidam, vous comme moi, n’aura de cesse de s’y accrocher aussi longtemps qu’il le pourra. Aussi longtemps qu’il le pourra jusqu’à ce jour béni du retournement de situation qui ne manquera pas de faire évènement dans sa réalité psychique. C’est ainsi, dans le temps de la fin de la première guerre mondiale que Freud remet en question sa première topique fondée sur cette fameuse « pensée positive » pourrait-on dire plus connue aujourd’hui et alors des amateurs de la culture psychanalytique sous le terme de « principe de plaisir ». 

Au-delà du principe de plaisir

PRINCIPE DE PLAISIR ?

Freud nomme maintenant la troisième instance, seulement évoquée au début de cet article : les forces hostiles viennent du Surmoi. Ce qu’il en dit est beaucoup plus resserré qu’en 1923. Le Surmoi, c’est la partie liée à la pulsion de mort ; il n’est donc qu’une petite partie de quelque chose de beaucoup plus vaste que nous ne connaissons pas, et d’assez insaisissable : la pulsion de mort, qu’à vrai dire nous ne saisissons que dans le Surmoi qui en fait psychiquement une liaison.

Un pont est donc établi entre la question du père et la pulsion de mort, puisque le Surmoi était défini comme l’intériorisation des exigences et interdits paternels.

INCONSCIENT ET SYMPTÔMES

Nous sommes en 1916

Si vous ajoutez à cela que cet état de choses que nous avons constaté chez nos deux malades se retrouve dans tous les symptômes de toutes les affections névrotiques, que partout et toujours le sens des symptômes est inconnu au malade, que l’analyse révèle toujours que ces symptômes sont des produits de processus inconscients qui peuvent cependant, dans certaines conditions variées et favorables, être rendus conscients, vous comprendrez sans peine que la psychanalyse ne puisse se passer de l’hypothèse de manier l’inconscient comme quelque chose de palpable. Et vous comprendrez peut-être aussi combien peu compétents dans cette question sont tous ceux qui ne connaissent l’inconscient qu’à titre de notion, qui n’ont jamais pratiqué d’analyse, jamais interprété un rêve, jamais cherché le sens de l’intention de symptôme névrotiques. Disons-le donc une fois de plus : le fait seul qu’il est possible, grâce à une interprétation analytique, d’attribuer un sens aux symptômes névrotiques constitue une preuve irréfutable de l’existence de processus psychiques inconscients ou, si vous aimez mieux, de la nécessité d’admettre l’existence de ces processus.

LA CRÉATION D’UN IDÉAL

On est en 1914, Freud est en plein work in progress dirions-nous aujourd’hui …

S’estimer c’est se mesurer à ce qui fait, pour nous, figure de référence 

Nous avons appris que des motions pulsionnelles subissent le destin du refoulement pathogène ; lorsqu’elles viennent en conflit avec les représentations culturelles et éthiques de l’individu. Par cette condition, nous n’entendons jamais que la personne a de l’existence de ces représentations une simple connaissance intellectuelle, mais toujours qu’elle les reconnaît comme faisant autorité pour elle, qu’elle se soumet aux exigences qui en découlent. Le refoulement, avons-nous dit, provient du moi ; nous pourrions préciser : de l’estime de soi ( Selbstachtung ) qu’a le moi. Les mêmes impressions, expériences, impulsions, motions de désir auxquels tel homme laisse libre cours en lui ou que du moins il élabore consciemment, sont repoussées par tel autre avec la plus grande indignation, ou sont déjà étouffées avant d’avoir pu devenir conscientes. Mais la différence entre les deux sujets, qui contient la condition du refoulement, peut s’exprimer facilement en termes qui permettent de la soumettre à la théorie de la libido. Nous pouvons dire que l’un a établi en lui un idéal auquel il mesure son moi actuel, tandis que chez l’autre une telle formation d’idéal est absente. La formation d’idéal serait du côté du moi la condition du refoulement.

FREUD, LA FINESSE D’UN ACTE MANQUÉ – 1935

Résultats, idées, problèmes II

Je prépare un cadeau d’anniversaire pour une amie, une petite gemme à faire sertir sur un anneau. Sur un carton, au centre duquel j’ai fixé la petite pierre, j’écris : «  Bon pour un anneau d’or que l’horloger-bijoutier L. confectionnera … pour la pierre ci-jointe sur laquelle est gravé un bateau avec voiles et rames. » Or, à la place ci-dessus laissée vide entre « confectionnera » et « pour », il y avait un mot que je fus obligé de rayer, car il était totalement étranger au contexte : le petit mot « bis ». Pourquoi donc l’ai-je écrit ?

En lisant ce court texte, je suis frappé par le fait qu’on y trouve à peu de distance deux fois la préposition « pour ». « Bon pour un anneau – pour la pierre jointe. » Cela sonne mal et devrait être évité. J’ai alors l’impression que l’introduction de « bis » au lieu de « pour » tentait d’éviter la maladresse stylistique. C’est sans doute vrai. Mais cette tentative emploie des moyens particulièrement insuffisants. La préposition « bis » est tout à fait inadéquate à cet endroit et ne peut remplacer le « pour » qui est absolument nécessaire. Pourquoi donc précisément ce « bis » ?

ILS TENDENT AU BONHEUR

‘ Rien n’est plus difficile à supporter qu’une série de beaux jours ** ‘, ? 

[ … ] ‘ La parole bien connue d’un de nos grands poètes et sages à la fois nous vient aussitôt à l’esprit. Elle définit ainsi les rapports que la religion entretient avec l’art et la science :

Celui qui possède la science et l’art

Possède aussi la religion

Celui qui ne les possède pas tous les deux

Puisse-t-il avoir la religion ! *