LA PUISSANCE DE LA PAROLE – SAMEDI 01er FEVRIER 2020

Cause Freudienne

Ce n’est qu’à considérer l’effet de surprise et de vérité qui saisit le sujet lui-même, que l’on peut juger de la puissance de l’acte de parole. Même dans le registre de la parole, l’analyste doit se faire humble et rare.

Dès lors la question de l’interprétation se présente à deux niveaux : au niveau de l’être, là où l’effet de vérité fait hystoire[1] et au niveau de l’existence, là où la jouissance se cerne au plus près de chaque Un. « Interpréter, le mot ici défaille, et il faudrait lui en substituer un autre comme cerner, constater[2] ». À cet endroit les Analystes de l’École peuvent témoigner de ce double mouvement, effet de vérité dans l’hystoire, vérité toujours menteuse au regard de cette singularité du sinthome. Ils nous enseignent sur le moment créationniste de la parole, où le roman du blabla se condense dans un ou quelques noms et où le fantasme se réduit à une phrase, un signifiant. Il y a un au-delà, au-delà de l’effet obtenu par la puissance de la parole. Il s’agira plutôt de lire l’impact, la trace dans le corps, de la rencontre initiale du signifiant. Lire, ce n’est déjà plus « puissance de la parole », car lire est souvent silencieux, lire implique une écriture, trace dans le corps de la jouissance Une. Il y a donc à s’enseigner des AE, des conséquences de la puissance de la parole et au-delà, de l’indice du réel à cerner.

Le cartel implique le mouvement des corps et la puissance de la parole. C’est ce qui le distingue du travail du texte sous la lampe, dans la solitude. Quels effets ? Qu’est-ce qui se joue de la puissance de la parole quand le texte rencontre la voix qui dit et que d’autres corps en présence résonnent de cette expérience ? Quel usage de la parole faisons-nous à ce moment ? Faisons le pari de montrer combien le cartel, cette invention de Lacan, est subversive et pourquoi elle participe de la formation de l’analyste.

Nous vous attendons nombreux pour cette Question d’École, où le tranchant de notre pratique est toujours au rendez-vous, au rendez-vous de la psychanalyse lacanienne.

 




[1] Cf. Lacan., « La proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 243-259.
[2] Miller J.-A., op. cit.

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