CE QUE JE DÉSIRE ?

Propos d’Antoine Masson recueillis lors des Journées d’études de l’Association Espace Analytique : Lacan, l’expérience analytique.

(…) « Ne l’oublions pas, le désir inconscient tel que nous avons à en rendre compte, il couve dans la répétition de la demande. C’est lui, le désir, qui motive la demande. Mais attention, ce que ‘nous’ nous appelons le ‘désir’ ce n’est pas ce que vous vous appelez habituellement le désir. C’est pas vouloir partir aux Comores ou aux Canaries et de dire ‘je ne cède pas sur mon désir et j’abandonne mes enfants’. Ça n’est pas non plus, la carotte et l’âne. Ce n’est même pas le désir hégélien qui est l’aufhebung qui tendrait vers l’esprit absolu que l’on pense comme une destination pour se donner du courage. ‘Si vous suivez ce que j’entends, vous signifiez par le désir que nous ne nous contentons pas de la référence opaque à un automatisme de répétition que nous avons parfaitement identifié, il s’agit de la recherche nécessaire et condamnée d’une fois unique qualifiée, épinglée comme telle par ce trait lunaire, celui-là même qui ne peut se répéter sinon toujours à être autre.
Donc, comment articuler en même temps, la répétition de la demande, le désir et la trouvaille de cette fois unique qui nous articule et qui nous identifie dans ce trait qui est égalité, différence, les deux à la fois ? Il faut la topologie du tore. Le tore c’est une chambre à air moins la chambre à air. C’est une organisation de l’espace qui par le mouvement même qui se fait dans l’espace, ça dessine l’équivalent d’une chambre à air mais ça n’a pas de matière. Ce n’est qu’une organisation de l’espace. Dans ce tore, on voit que le parcours du petit chemin correspond à la demande. Le parcours du grand chemin correspond au désir.
Il faut voir ça comme une sorte de ressors ; la demande en se déployant qui, à un moment donné, se trouve elle-même, se clôt sur elle-même et en faisant la clôture sur elle-même détermine une orbe qui est le désir et cet orbe circonscrit l’objet perdu autour duquel elle s’articule mais, comme dans les trésors des rêves, ne pouvaient exister avant que ça ne s’articule.
Vous avez du même geste l’articulation de la demande désirante avec l’objet auquel ça s’articule. »

Intervention A. Masson ici (33’25  à 59’03)

Share