AUX AMATEURS DE GRANDS ESPRITS

Correspondance entre Stefan Sweig et Sigmund Freud

Préface (extrait)

Au début du siècle (dernier), porter un jugement sur Freud n’était pas chose aisée : il n’était pas un écrivain, et pourtant il en avait tous les dons ; il n’était pas un scientifique, et pourtant il n’aurait renoncé pour rien au monde à son identité médicale ; il n’était pas un universitaire, et pourtant il était prêt à mendier la considération des Herren Professoren qu’il méprisait par ailleurs ; il n’était pas un philosophe, et pourtant il n’était pas concevable d’ignorer sa pensée. Il explorait un continent nouveau, l’inconscient, avec l’âme d’un aventurier, d’un “conquistador”, et on prétendait le juger selon des critères traditionnels.

Ce qu’il y a de plus neuf dans la psychanalyse,

LA DÉFAITE DU SUJET

La société dépressive

La défaite du sujet

La souffrance psychique se manifeste aujourd’hui sous la forme de la dépression. Atteint dans son corps et son âme par cet étrange syndrome où se mêlent tristesse et apathie, recherche identitaire et culte de soi-même, l’homme dépressif ne croit plus à la validité d’aucune thérapie. Et pourtant, avant de rejeter tous les traitements, il cherche désespérément à vaincre le vide de son désir. Aussi passe-t-il de la psychanalyse (tant est qu’il soit possible de parler de psychanalyse lorsque l’on ne s’y attèle pas corps et âme) à la psychopharmacologie et de la psychothérapie à l’homéopathie sans prendre le temps de réfléchir à l’origine de son malheur (la mode est même au « surtout pas! » et autre « ça ne sert à rien ». La belle affaire). Il n’a du reste plus le temps de rien à mesure que s’allongent le temps de la vie et celui des loisirs, le temps du chômage et le temps de l’ennui. L’individu dépressif souffre d’autant plus des libertés acquises qu’il n’en sait plus l’usage.

AUSSI, JE VOUS AIME BIEN.

Qu’est-ce que la psychanalyse ? Que peut-elle apporter à celui qui s’y engage ? Ce livre n’est pas une réponse à ces questions, c’est une plongée au sein de l’inconscient et des rapports que le psychanalyste entretient avec lui. Chaque semaine, depuis des années, Conrad Stein parle aux participants d’un séminaire de psychanalyse. un jour il éprouve le désir de leur écrire une lettre, qui sera suivie de cinq autres. Pourquoi ce passage de la parole à l’écriture ? C’est ainsi, explique-t-il, « je vous parle comme à mon psychanalyste ». Ce retournement de situation, de l’enseignant vis-à-vis de ceux qu’il enseigne, du psychanalyste qui se met en position d’analysant vis-à-vis de son auditoire, répond à une nécessité intérieure. Il s’agit de « faire part de la pensée qui s’est présentée à moi, non pas comme une trouvaille… mais comme quelque chose de nouveau qui est moi. Comme poésie. » Ainsi l’écriture prend-elle naturellement le relais du silence – dont elle est d’ailleurs entourée – et de la parole du psychanalyste, pour exprimer la dimension de l’inconscient, sa surprenante nouveauté, son mouvement toujours naissant, toujours à naître. A la fin d’une séance, un patient dit à l’auteur : Aussi, je vous aime bien. Ce patient le tutoie d’habitude. Le « vous » de la lettre s’adresse donc à ceux qui l’ont lue. A ceux qui liront ce livre où se dévoilent à la fois une pensée, une pratique et un amour.

CHABOUDEZ GISÈLE

Présentation

‘ Ce travail est le témoignage d’une surprise à découvrir combien la pensée du nouage, dans notre rapport aux concepts psychanalytiques, est féconde, évidente, nécessaire. Les concepts fondamentaux élaborés depuis le début de l’histoire de notre discipline, un à un, à partir de la clinique où ils se présentent, où ils nous sont nécessaires, structurent en réalité un ensemble qui fait nœud. Pas tout concept n’y entre, cela va de soi, mais beaucoup s’en éclairent radicalement, définitivement. Non seulement cela fait nœud, mais l’on peut même se demander pourquoi cela n’a pas été remarqué plus tôt. Comment, dès lors que ce qui nous définit est d’être des corps parlants, n’a-t-on pas plus tôt interrogé cette spécificité qui implique par définition que le langage est noué au corps, et le corps au langage.

DIEU LA MÈRE

Toute mère est sauvage. Et ça se passe dans le corps.

Dans ce premier temps de la naissance où d’un corps naîtra un autre corps. La sauvagerie résiste à la différence, elle est symbolisée depuis la nuit des temps par la matière, la terre, le cercle, la psalmodie, ce qui jamais ne se coupe ni ne se défait, par l’Unité disent les modes de début du 3e millénaire, sans se rendre compte que c’est de l’impossibilité de quitter l’antre maternelle dont ils parlent, « maman !, regarde comme bébé est grand au dedans de toi ! Regarde moi ! ». Le serment de la mère matricielle à son enfant est : tu retourneras toujours vers moi car tu n’es pas autre que moi ; tu es moi, tu me dois la vie, c’est-à-dire ta vie.

L’INCONSCIENT DU YIDDISH

Ce livre comprend les actes du colloque organisé à l’Université Paris 7 Denis Diderot, en collaboration avec le CNRS, UMR 7597, le 04 mars 2002. Le yiddish est la langue errante des Juifs ashkénazes, composés d’hébreu et d’araméen, de langues romanes slaves et de moyen haut allemand. Il interroge la langue de bois et la langue étatique, l’adhérence à des signifiants, puisqu’il passe son temps à s’en décoller, à choisir l’oblique, le transversal.

PIERRE REY

‘ La culture, c’est la mémoire de l’intelligence des autres.

Hormis quelques appareils digestifs exceptionnels, elle ne produit que de la culture, un discours sur un discours, à l’infini, qui se déploie dans les limites sans surprises du registres de la loi : la nier, la combattre ou la subir, dans tous les cas, c’est encore la reconnaître. Hegel, dont Sartre s’est largement inspiré, l’avait admis lui-même avec humilité en constatant que depuis vingt-quatre siècles les gains de la philosophie se bornaient à « des notes en index de Platon ».

Un index relève de la culture. Et la culture est continuité. 

La création, son contraire, est rupture.