LE CENTRE DU MONDE

*Selbstbewusstsein, l’être de soi conscient, tout-conscient.

Plût au ciel qu’il en fût ainsi, mais l’histoire de la science elle-même, nous entendons de la nôtre et depuis qu’elle est née, si nous plaçons sa première naissance dans les mathématiques grecques, se présente plutôt en détours qui satisferont fort peu à cet immanentisme, (…)

SENS ET VÉRITÉ

dire vrai, cela signifie surtout que le sujet répond par ceci, qu’au fond il ou elle savait : ‘Je savais que ma révolte n’était pas sans couvrir une certaine complicité avec la légende familiale.’ Ou encore : ‘Je savais que cet enfant qui n’a pas vu le jour était voué au sacrifice.’ Bref, c’est au moment où le sujet dit ‘je mentais’ que nous sommes sûrs qu’il parle comme responsable, responsable de la vérité à laquelle répond maintenant son dire. En effet, ‘je mentais’ est la signification exacte de ce ‘je savais’. Car il s’agit bel et bien d’une vérité que le sujet trouve dans son analyse, seulement c’est le sort de tout ce qui se trouve que d’être rejeté en arrière comme ayant été toujours là. [ … ]

VOUS AVEZ DIT SUJET ?

(…) ce qu’on raconte au patient, mais il n’en a rien à faire ; c’est comme de l’eau sur les plumes d’un canard. Qu’est-ce qu’il s’agit de toucher ? Il s’agit du fait que le symptôme est dialogue avec, disons, un Autre. Vous pouvez y allez à coups de boulets pour essayer de contraindre, en appuyant comme vous pouvez pour que ça rentre bien dans la case ; donner une explication qui rendra la personne, à votre avis, plus heureuse. C’est une façon de faire ; je ne pense pas que ce soit la guérison au sens analytique du terme. (…)

TIC TAC TIC TAC TIC

On ne rêve pas seulement quand on dort.

… ‘ qu’il puisse y avoir un dire sans qu’on sache qui le dit voilà à quoi la pensée se dérobe. C’est une résistance ontique. C’est ce qui fait tiquer tous les adversaires de la psychanalyse. Et c’est ce qui fait tiquer le patient, névrosé du moins, qui tient tellement à être maître de ce qu’il dit.’

La méprise du sujet supposé savoir, Lacan, J., prononcé à l’Institut français de Naples le 14 décembre 1967 fut publié dans Scilicet, n°1, pp. 31 – 41

‘ FAY CE QUE VOUDRAS ‘

Certes, nous ne disons pas que le fait d’être entendus par des psychanalystes fait de ces jeunes des analysants au sens strict du terme, mais dans de nombreux suivis, nous sommes témoins de l’éclosion d’une parole pleine, de franchissements et de remaniements psychiques. Au sein même d’un dispositif contraignant qui, de fait, rend impossible la cure type se produisent parfois, de surcroît, les effets de cette écoute singulière qui induit la réappropriation par le sujet de son histoire. S’ouvre alors un horizon de parole nouveau dans lequel les traumatismes ne sont plus à la même place. (…) Venir deux fois par semaine au cabinet de son thérapeute n’est plus une contrainte mais désormais l’occasion de s’ouvrir à sa propre parole, de développer sa capacité de penser et de créer par conséquent des conditions de réalisation impensables auparavant et dont les résultats n’apparaissent souvent dans la réalité que bien après coup. Plus que jamais, la possibilité de penser ce qui la rend impossible est sans doute la forme la plus vivifiante que peut prendre la psychanalyse aujourd’hui.

LA DÉFAITE DU SUJET

Puisque le neurobiologie semble affirmer que tous les troubles psychiques sont liés à une anomalie du fonctionnement des cellules nerveuses, et puisque le médicament adéquat existe, pourquoi devrait-on s’inquiéter ? Il ne s’agit plus désormais d’entrer en lutte avec le monde, mais d’éviter le litige en appliquant une stratégie de normalisation. On ne s’étonnera donc pas que le malheur que l’on prétend exorciser fasse retour de façon foudroyante dans le champ des relations sociales et affectives : recours à l’irrationnel, culte des petites différences, valorisation du vide et de la sottise, etc. La violence du calme est parfois plus terrible que la traversée des tempêtes.

FAIRE PAYER

‘ Donc si vous voulez, cela suppose que c’est lui-même qui investit toute son énergie, d’où cette idée que c’est incompatible avec quelque chose de médicale, de remboursé, d’assisté. C’est incompatible avec toute idée de prise en charge par un autre que soi-même puisqu’il s’agit, au contraire, que le sujet se prenne en charge lui-même [ … ] ‘