SUPPOSÉ PARLANT

Le symptôme est d’abord le mutisme dans le sujet supposé parlant. *

Evidemment, je pourrais très bien m’en tenir au ming, au décret du ciel, c’est à savoir continuer mon discours, ce qui veut dire en somme : c’est comme ça parce que c’est comme ça, un jour la science poussa sur notre terrain. En même temps, le capitalisme faisait des siennes, et puis il y a eu un type, Dieu sait pourquoi, décret du ciel, il y a eu Marx qui a, en somme, assuré au capitalisme une assez longue survie. Et puis, il y a Freud qui a tout à coup été inquiet de quelque chose qui devenait manifestement le seul élément d’intérêt qui eût encore quelque rapport avec cette chose qu’on avait autrefois rêvée et qui s’appelait la connaissance, à une époque où il n’y avait plus la moindre trace de quelque chose qui ait un sens de cette espèce. Freud s’est aperçu qu’il y avait le symptôme.

C’est là que nous en sommes. Le symptôme, c’est autour de quoi tourne tout ce dont nous pouvons – comme on dit, si le mot avait encore un sens – avoir idée. Le symptôme, c’est là-dessus que vous vous orientez, tous autant que vous êtes. La seule chose qui vous intéresse, et qui ne tombe pas à plat, qui ne soit pas simplement inepte comme information, c’est des choses qui ont l’apparence de symptômes, c’est-à-dire, en principe, des choses qui vous font signe, mais à quoi on ne comprend rien. C’est la seule chose sûre – il y a des chose qui vous font signe, à quoi on ne comprend rien.


Séminaire 18, 10 Février 1971, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Seuil, Paris, p. 52

* LACAN, J., Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, 1973, Seuil, Points Essais, p.20

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