DÉSIR, MON TYRAN

Extraits du livre de Jean-Pierre Winter, Les errants de la chair, Études sur l’hystérie masculine

Et l’Autre, l’Autre dont on se demande ce qu’il veut, et auquel nous répondons, en tant que névrosé, par la construction du fantasme, il se trouve que dans notre vie quotidienne il est incarné par ceux qui nous gouvernent. C’est à dire que l’Autre, ce n’est pas seulement une figure conceptuelle, il s’incarne. De sorte qu’à la question : « Devons-nous ou non satisfaire aux désirs du tyran ? » Nous ne pouvons pas répondre si nous ne nous mettons pas en demeure de cerner ce désir quand l’occasion nous en est donnée. Comment pourrait-on résister à satisfaire le désir du tyran si nous nous interdisons le travail qui consiste à dévoiler ce désir, à le débusquer ? Mais Lacan continue en disant : « C’est la balance éthique à proprement parler, et c’est à ce niveau que, sans faire intervenir aucun dramatisme externe, parce qu’on n’en a pas besoin, tout simplement, nous avons aussi affaire à ce qui, au terme de l’analyse, reste suspendu à l’Autre, avec un grand A. » [ … ] Mais bien sûr, à cerner son désir, on s’expose, en faisant son portrait, à faire comme les peintres qui, quoi que ce soit qu’ils peignent, ne font jamais rien d’autre qu’un autoportrait. C’est dire qu’à faire le portrait du tyran, c’est His majesty the baby qu’on va rencontrer, c’est-à-dire sa propre tyrannie, et notamment ceci, qui est ce à quoi nous ne pouvons échapper : la tyrannie du désir.

TU NE MANQUES PAS D’AIR !

Extrait, agrémenté par mes soins, d’une interview faite livre d’Anne Dufourmantelle par Laure Leter. Laure Leter propose dans son avant-propos d’écouter, ne serait-ce que quelques secondes, la voix d’Anne Dufourmantelle pour accompagner la lecture du texte qu’elle rapporte dans cet ouvrage.

Si elle avait une autre voix, cela raconterait une autre histoire.  

Un des arguments des TCC, c’est qu’il faut s’exposer aux choses, arrêter de les « intellectualiser » ?

Mais « intellectualiser », ça ne veut rien dire ! Parce que d’abord la parole c’est du souffle et du corps.

RÉANIMATION

La conscience anesthésie là où les mots du rêve réaniment

 » Les paroles qui disent un rêve (…) informent de biais la conscience d’un processus vital que celle-ci semble ne pas vouloir prendre en compte. Tout se passe comme si le désir dont le rêve est le messager était traité en intrus. Comme à bord d’un navire en danger de naufrage, le temps pris par la conscience pour réaliser la gravité de la voie d’eau n’est pas à la mesure du risque. Il faut beaucoup de courage pour évaluer la situation et décider, contre toute « raison » de changer drastiquement de direction. Les sorties de dépression sont à ce prix : il faudrait avoir une très vive conscience du danger de devenir un zombie – ce que les médicaments et aujourd’hui la mode de la méditation compulsive, vous font perdre de vue – et commencer par entendre ce que disent les rêves.

I WOULD PREFER NOT TO

Cela m’attriste d’écrire ces lignes-là.

La situation sanitaire dans laquelle nous sommes entrés depuis le début de l’année 2020, et particulièrement au mois de Mars, nous soumet chacun à d’innombrables inconnus. Et particulièrement au pire – sûrement – des inconnus : nous-même(s).

La période de confinement qui est là, peut avoir des répercussion « cocotte-minute ». Maintenant ou plus tard. Dans quelques semaines, dans quelques mois. Quelques années ? ( Pour ceux qui auront échapper au virus ) PARLER  à quelqu’un qui écoute permet bien plus que l’on ne peut ( encore de nos jours ) s’imaginer. La parole est un accès direct au corps, dans ses profondeurs les plus mystérieuses. Il faut savoir écouter.

Sans écoute, pas de parole. Pas de parole, pas de corps.

C’est en partant d’une discussion avec un collègue que j’en viens à proposer cette adaptation contextuelle : « la solitude et la solitude dans le confinement », n’ont rien à voir. « Je suis seule, comme d’habitude mais cette fois-ci, comme tout le monde. »

Comment allez-vous ? Comment vivez-vous ce qui se passe maintenant ?, vous ? Oui, vous.

Vivre H24 avec les autres est-ce vraiment (toujours ?) ce qu’il y a de mieux ? Ni mieux, ni pire me direz-vous. On a peur. Tous. Seuls. Chacun. On a peur ensemble. On ne sait pas. On risque sans aucun doute de rire (trop) fort, pleurer (pour un « rien »), déblatérer jusqu’à épuisement, se murer dans le silence pour se rendre inaccessible à ce qui est soudainement insurmontable et bien sûr on risque de s’énerver. Fort.

Trop fort.

Là aussi, parler à une oreille relié à un coeur lui-même relié à un cerveau, ça touche directement le corps dans ses plus mystérieuses profondeurs. Juste parler. Pour le moment, juste parler. Echanger même. On analysera plus tard, s’il le faut. Pour le moment, juste parler à quelqu’un.

Cela m’attriste d’écrire ces lignes-là. I would prefer not to.

Sachez que vous pouvez, quoiqu’il en soit, me contacter au 06 50 80 97 78 ou en cliquant ici* afin de pouvoir nous organiser, ensemble, pour mettre en place les séances par skype afin de garder un contact ne serait-ce que visuel.

Pour les tarifs, vous m’en parlez. On verra bien ce qu’on peut faire. Aujourd’hui, c’est un autre essentiel qui est là.

*Je vous rappellerais dans les heures qui suivent.

Marianne Carabin

UN SEUL MOT VOUS MANQUE ET TOUT EST …

Enclenché ?

 

Je reviens aux relations que la vie enfantine entretient avec l’entourage ; et, à ce propos, je voudrais vous exhorter à ne pas oublier qu’aucun être humain n’a l’âge de ses années, qu’il reste, jusqu’à la fin de sa vie, enfant, petite fille, petit garçon. Il n’y a pas de passé, on ne surmonte jamais la période de l’enfant et on est dépendant de ses expériences enfantines.

( … )

Je me sens l’obligation, cette fois, d’aborder quelque chose que j’aurais déjà dû faire depuis longtemps : l’association des mots. J’ai déjà relevé la dernière fois que les difficultés dans la lecture reposent sur le fait qu’on tombe sur un mot donné dans une page, un mot qu’on saute apparemment mais qui entraîne une association et qui empêche que l’attention du lecteur reste attachée à la page. Son oeil reste attaché à la page, mais l’impulsion intérieure le contraint à s’abandonner à un autre cheminement de pensée