IMPITOYABLE

c’est un théâtre impitoyable. Sans truc. Sans truc. Tout est dans le texte. Il faut lire le texte. Le problème de l’homme de théâtre c’est savoir lire, rien d’autre. Pour servir un poète, incarner des personnages, il faut savoir lire. Et c’est tout le problème aussi : savoir lire. Etre dedans. Tout est dedans. Et ce qui est admirable dans cette oeuvre, quand on descend dans ses profondeurs, c’est que cet homme, dans la solitude de sa chambre, a fait le tour du monde contemporain, a fait le tour de l’humanité contemporaine, il a fait le tour du coeur de l’Homme du XXème siècle. A partir de la solitude de sa chambre. C’est Pascal.

« Tout le malheur de l’Homme vient de ce qu’il ne peut rester seul, dans sa chambre, une heure avec lui-même. »

Beckett a su faire ça. Il n’y a pas de truc, il faut le lire. Je ne veux pas dire que le théâtre de Beckett est abstrait, et oh quelle chance on a d’avoir des hommes de théâtre concrets !Absolument pas. C’est de l’inverse qu’il s’agit. Le théâtre de Beckett est extrêmement charnel. Qu’est-ce que c’est Fin de partie ?, C’est la proposition d’incarnation, de jeu, vivant, la pensée déjà contenue dans Godot

« L’air est plein de nos cris mais l’habitude est une grande sourdine. »

LES MOTS DU CHOEUR

Dans la tragédie, on est tranquille. D’abord, on est entre soi. On est tous innocents, en somme ! Ce n’est pas parce qu’il y en a un qui tue et l’autre qui est tué. C’est une question de distribution. Et puis, surtout, c’est reposant, la tragédie, parce qu’on sait qu’il n’y a plus d’espoir, le sale espoir; qu’on est pris, qu’on est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et qu’on n’a plus qu’à crier, — pas à gémir, non, pas à se plaindre, — à gueuler à pleine voix ce qu’on avait à dire, qu’on n’avait jamais dit et qu’on ne savait peut-être même pas encore. Et pour rien : pour se le dire à soi, pour l’apprendre, soi. Dans le drame, on se débat parce qu’on espère en sortir. C’est ignoble, c’est utilitaire.
Là, c’est gratuit.

AVIGNON 2019 – JOURNAL DE BORD DE MONSIEUR WILLIAM MESGUICH

‘L’émotion qui me submerge quand un spectateur me prend dans ces bras, après Artaud-Passion parce qu’il est dévasté par la parole du poète de la cruauté, par cette pensée incandescente qui dérange nos consciences bien-pensantes. « Je veux un théâtre de sang par lequel chaque représentation transformera celui qui joue, celui qui voit jouer. Il faut mobiliser la peur et expulser la violence. Dire l’innommable, l’ineffable et montrer l’invisible » et moi aussi, je suis touché. Au plus profond de mon être par cette parole essentielle, par cette torsion poétique, par ces mots qui résonnent longtemps dans nos âmes par trop indifférentes au monde qui nous entoure. ‘
William Mesguich

NOUVEAU(X) GENRE(S) – DIMANCHE 25 FÉVRIER 2018

Rendre compte du travail analytique lié au manque et aux « affaires de l’amour » c’est également rendre compte de ce qui revient, fait retour, ne cesse de ne pas rater, ce « je n’en veux rien savoir » poussant l’analysante du côté de la frustration et de l’imagination. Jacques Lacan a mis au coeur de la psychanalyse la question de l’amour, en tant qu’elle sous-tend notre rapport singulier au langage, nos relations avec les autres. Il la définit en opposition avec le capitalisme qui ne veut rien savoir des questions de l’amour et des symptômes qui y sont corrélés.

MON MAL VIENT DE PLUS LOIN

Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Égée
Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi ;
Athènes me montra mon superbe ennemi :
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;

4h48 PSYCHOSE

‘Rien qu’un mot sur une page et tout le théâtre est là.’ Article écrit par Marianne Carabin Sarah Kane, l’auteure, est morte à l’âge de 28 ans. A peine. Pendue avec ses lacets lors de son ultime hospitalisation en institution psychiatrique. Reconnue par quelque Harold Pinter ou autre Edward Bond d’une part, décriée comme une […]

DÉBAT AVEC DANIEL MESGUICH au Théâtre de l’Épée de bois

Les comédiens répondent ; leur travail est l’ouvrage d’une vie tissée tout à la fois de labeur et de joie dont ils gardent l’enfance pour modèle. Sans transition, et tout aussi sérieusement, l’enfant joue, l’enfant fait ses devoirs, l’enfant va à table, crie, pleure, rit… Tout en lui appelle au regard. Ils aiment être sérieux, rire, dire des bêtises, travailler de longues heures, être en colère… Ils aiment et le public n’est pas dupe. La question de l’amour n’était peut-être pas si absente du débat finalement, non dans le Dire, mais dans l’Aimer.