LA RACINE MÊME DE L’ART

Avant même de savoir si c’est utile, il y a d’abord le fait que c’est bien difficile de s’y dérober parce que, si on s’intéresse et si on se lance dans la psychanalyse, c’est parce qu’on est mordu par un désir de savoir. Un désir de savoir de ce qui est le plus obscur mais aussi le plus passionnant. De tout temps, certains humains, pas tous, se sont passionnés pour les Mystères, les vrais, les grands mystères : l’origine, la sexualité, le rêve, etc. C’est pourquoi il me semblait légitimes de vous avoir lu ce passage de Le Clézio où on voit quelqu’un qui n’est pas psychanalyste mais écrivain, qui est clairement concerné, passionné par quelque chose dont j’ai essayé de vous montrer que c’est la racine même de l’art. Et ça intéresse directement le psychanalyste.

AVEC LE PSYCHANALYSTE, L’HOMME SE RÉVEILLE

[ … ] ‘ Si ça ne va pas, écris. Ecris ce que tu penses ; jusqu’au bout ( * jusque là où tu peux. Tu verras que tu ne peux pas beaucoup et cela t’étonnera de ne pouvoir dire par l’écrit que si peu. Des éclairs poétiques viendront à ta rescousse. Les tiens d’éclairs poétiques. Pas ceux des autres. Ils ne seront, ici, à cet instant d’aucun secours. Tu comprendras sans le savoir encore bien des choses et tu ne mourras pas tout à fait maintenant. Plus tard peut-être. Plus tard. Evidemment. Heureusement. ) Il faut y arriver pour que ce soit fini. Alors, si tu te retrouves vraiment, tu as franchi. Quand tu as tout écrit, tu n’es plus là-bas. C’est ça la mémoire. C’est un passage, un passage actif : se remémorer compte plus que les choses oubliées. Il faut que la merveille t’appelle, te réveille. Deux ou trois fois par nuit. Ou bien deux ou trois fois par semaine, chez son psychanalyste. Pendant des années. Je ne me rendormirai pas. Malgré la douleur de se lever. Dormir/écrire… et retomber dans les bras dit maternels du sommeil au terme de cette conjonction/disjonction. Le poinçion de l’acte d’écriture vous a poinçonné. D’où vient cette certitude (maladive?) que la guérison passe par là ? Pourtant, rien n’est changé : seulement dit – mais bien dit. Et écrit.Arrêté, en quelque sorte. Voilà. Une fois écrit, ce sera dit. ‘

Extrait p.125 ( * lequel n’est pas sans mon petit ajout )

AVANCER

Il faut donc pouvoir être dans l’acte de dire mais aussi dans celui d’accueillir puisqu’il s’agit de partage et de quelque chose d’une humanité. Il n’y a rien que terres arides et sévères et stériles en dehors de ce double et nécessaire mouvement-là. Et quand je parle de dire, évitons d’être fourbe et de s’y complaire un instant s’il vous plait, il ne s’agit pas de tourner en rond éternellement en accablant qui que ce soit (ça, on le fera sur le divan de nos analystes). Quand je parle de dire, il s’agit d’avancer pour retrouver la joie d’être ensemble en paix avec soi-même. ‘

4h48 PSYCHOSE

‘Rien qu’un mot sur une page et tout le théâtre est là.’ Article écrit par Marianne Carabin Sarah Kane, l’auteure, est morte à l’âge de 28 ans. A peine. Pendue avec ses lacets lors de son ultime hospitalisation en institution psychiatrique. Reconnue par quelque Harold Pinter ou autre Edward Bond d’une part, décriée comme une […]