CHERCHER TOUJOURS A S’EN DETOURNER

‘ Le deuil originaire est donc l’épreuve première – et prolongée – par laquelle passe le moi pour découvrir l’objet ; en vertu d’un paradoxe fondateur, celui-ci est perdu avant que trouvé ; de même le Je ne se trouve qu’en acceptant de se perdre. Propulsé, entre autres poussées, par celle de la croissance, et à l’encontre de l’attraction centrifuge de la séduction narcissique, le deuil originaire ouvre au moi les capacités qui lui sont originellement promises, en particulier celle de faire des deuils ; la traversée du deuil originaire est en effet une des conditions majeures de la faisabilité de tout endeuillement. ‘

J’AI SOIF D’UN CHANGEMENT RADICAL

La capacité à laisser aller sa parole, à la laisser divaguer, « délirer » au sens de « sortir des sillons », est beaucoup plus grande. Il y a aussi plus de facilité à ne pas vouloir tout maîtriser, à admettre de plus en plus une « pensée rêvante », et non pas toujours arrimée au réel. C’est à cela que l’on voit le changement intérieur, à cette aptitude à se laisser aller vers l’inconnu…

THELEMYTHE DEPUIS 30 ANS – JEUDI 16 JANVIER 2020

THELEMYTHE • Jeudi 16 janvier 2020 • Association qui préserve la précieuse alliance entre les éducateurs et la psychanalyse en présence auprès des jeunes qui ne rigolent pas tous les jours, RARE ET NÉCESSAIRE A l’occasion de ses 30 ans, l’association Thélèmythe propose ici quelques regards sur son travail particulier. A l’origine, une idée simple […]

ZWEIG – FREUD

A l’opposé de Karl Kraus, on trouve Thomas Mann et Stefan Zweig. Ce que le premier appréciait le plus dans la psychanalyse, c’est qu’elle avait râpé la vie de sa grossière naïveté, qu’elle l’avait dépouillée de ça pathos qui est le propre de l’ignorance, bref qu’elle nous avait rendus plus subtils et plus modestes tout à la fois. Quant au second, il écrivait à Freud : « Laissez-moi pour une fois exprimer clairement ce que je vous dois, ce que beaucoup vous doivent – le courage dans la psychologie. Vous avez ôté leurs inhibitions à d’innombrables personnalités, comme à la littérature de toute une époque. Grâce à vous, nous voyons beaucoup de choses. Grâce à vous, nous disons beaucoup de choses qui, sinon, n’auraient été ni vues, ni dites. »

LE VISIBLE ET L’INVISIBLE

Elle n’est pas un lexique, elle ne s’intéresse pas aux « significations des mots », elle ne cherche pas un substitut verbal du monde que nous voyons, elle ne le transforme pas en chose dite, elle ne s’installe pas dans l’ordre du dit ou de l’écrit, comme le logicien dans l’énoncé, le poète dans la parole ou le musicien dans la musique. Ce sont les choses mêmes, du fond de leur silence, qu’elle veut conduire à l’expression.

INCONSCIENT ET SYMPTÔMES

La découverte de Breuer forme encore de nos jours la base du traitement psychanalytique. La proposition que les symptômes disparaissent lorsque leurs conditions inconscientes ont été rendues conscientes – j’ajouterai, rendue conscientes par l’analysant lui-même et grâce à la place tenue par le psychanalyste – a été confirmée par toutes les recherches ultérieures, malgré les complications les plus bizarres et les plus inattendues auxquelles on se heurte dans son application pratique. Notre thérapeutique agit en transformant l’inconscient en conscient, et elle n’agit que dans la mesure où elle est à même d’opérer cette transformation.

Faut-il ajouter qu’il ne suffit pas, bien entendu, de dire « mais je le sais ça ! », et que c’est bien à force de répétitions et de redites que quelque chose entre l’orifice auditif et l’oreille commence une permutation, pourrait-on dire cellulaire, laquelle aussi soudaine et franche puisse t’elle être ne peut se faire sans l’inlassable empêchement des manifestations de résistances avec lesquelles le sujet est en proie.

LE RÊVE NE CÈDE PAS

si cette écoute est réelle, elle est d’une puissance de réalisation incomparable… Car avant que le corps tombe malade, avant que l’accident survienne, bref, avant qu’il soit trop tard, le rêve est là.

Il vous enseigne à s’avancer vers cette ligne de front où la guerre fait rage, surtout quand le conflit est dissimulé au revers d’une paix sur laquelle tout semble s’accorder. Car dans les replis cachés de la dépression blanche, dans l’insistance d’une fatigue dont rien ne vient à bout, ni repos ni somnifère, le rêve ne cède pas.