LA RACINE MÊME DE L’ART

Avant même de savoir si c’est utile, il y a d’abord le fait que c’est bien difficile de s’y dérober parce que, si on s’intéresse et si on se lance dans la psychanalyse, c’est parce qu’on est mordu par un désir de savoir. Un désir de savoir de ce qui est le plus obscur mais aussi le plus passionnant. De tout temps, certains humains, pas tous, se sont passionnés pour les Mystères, les vrais, les grands mystères : l’origine, la sexualité, le rêve, etc. C’est pourquoi il me semblait légitimes de vous avoir lu ce passage de Le Clézio où on voit quelqu’un qui n’est pas psychanalyste mais écrivain, qui est clairement concerné, passionné par quelque chose dont j’ai essayé de vous montrer que c’est la racine même de l’art. Et ça intéresse directement le psychanalyste.

LES INTERMITTENCES DE L’ÊTRE

[ .. ] Qui ne connait pas la dépression, qui ne se sent jamais l’âme entamée par le corps, envahie par sa faiblesse, est incapable d’apercevoir sur l’homme aucune vérité ; il faut venir en dessous, il faut regarder l’envers ; il faut ne plus pouvoir bouger, ni espérer, ni croire, pour constater. [ … ] Ce doit être la consolation de ceux qui expérimente ainsi à petits coups la mort qu’ils sont les seuls à savoir un peu comment la vie est faite.