PAUVRETÉ ET PRIVATION

C’est où chez les autres ?

‘ La pauvreté, ce n’est pas la privation. La pauvreté, c’est de n’être jamais seul. 

Je me rends compte maintenant que je suis de l’autre côté. Le pauvre n’a pas droit à la solitude. Il crève avec les autres à l’hôpital. Entre la crèche et l’hospice il y a les garderies et les asiles, les taudis et les casernes. Sa vie, de bout en bout, il lui faut la vivre en commun. On joue dans le sable public des squares et sur le trottoir de tout le monde. On couche à dix dans la même pièce. On se heurte dans les escaliers et les couloirs. Et c’est plein de murs, d’escaliers et de couloirs, la pauvreté.

FOLCOCHE …

 

 » Tous les serpents. Vous savez que je les connais bien, ces bêtes sinueuses, dont fourmille le Craonnais. Un serpent, m’a-t-on rabâché, siffla pour notre mère Eve. Une belle Folcoche, celle-là ! Une belle Folcoche qui a empoisonné pour toujours toute l’humanité. Mais la vraie Folcoche siffle mieux. Couleuvres d’eau, par erreur, vous donnerez encore dans mes nasses, jaunes et tordues comme des rires captifs. Aspics de la tentation, vous pouvez grouiller : je vous préfère. Et vous, les anguilles de l’Ommée, et vous, les vers de terre sortis rosâtres sous la pelle de Barbelivien, comme les idées, dans les marais, dans la glaise de l’intelligence. Mais entre tous les reptiles, à moi, la vipère, à moi ! Te souviens-tu, Folcoche, de celle à propos de qui tu disais, avec l’air de si fort la regretter : “Cet enfant a été l’objet d’une grande grâce ! ”

Cette vipère, ma vipère, dûment étranglée, mais partout renaissante, je le brandis encore et je la brandirai toujours, quel que soit le nom qu’il te plaise de lui donner : haine, politique du pire, désespoir ou goût du malheur ! Cette vipère, ta vipère, je la brandis, je la secoue, je m’avance dans la vie avec ce trophée, effarouchant mon public, faisant le vide autour de moi. Merci, ma mère ! Je suis celui marche, une vipère au poing. « 

 

BAZIN, H., Vipère au poing

LOUISE BOURGEOIS, QUELLE ADRESSE !?

Vous comprenez ? 

LOUISE Bourgeois

En retranscription, quelques mots clefs qui sonnent à l’oreille de celui qui est en analyse, forcément. A l’oreille du psychanalyste, pas moins. Quand l’art et la psychanalyse s’entre-servent avec une telle justesse, le ton est donné. Il s’agit bien de s’adresser à, de trouver une adresse et de faire d’une « idée bleue », une « idée rose » puis jaune, puis bleue, puis… On part d’une cruauté intime, honteuse, inoubliable, on chemine, on tourne en rond, pour peut-être un jour, si l’on ne flanche pas en cour de route, arriver à une libération, et introduire enfin de vraies personnes dans la maison. Quelle adresse !? De quelle adresse parlons-nous ? 

‘ – La cruauté, la guillotine s’exerce à l’intérieur des familles. [ … ]

– En réalité il y a une violence, une cruauté terrible, qui ne se montre pas.

– Qui ne se montre pas et qui ne s’oublie pas. [ … ]

SÉANCES APRÈS SÉANCES

En séance, comment ça se passe ? 

« Des fois je me sens très irrité ou jaloux d’une attention qu’il a pu marqué au patient qui va s’en aller dont j’ai pu percevoir quelque chose. Ou pas. Mais j’en imagine quelque chose. Donc ça, ça va créer aussi une ambiance dans laquelle j’ai finalement envie ou pas envie, donc ça vient brimer ou ça vient influencer. C’est quand même extrêmement compliqué de savoir ce qui fait une bonne séance ou ce qui fait une mauvaise séance. Au total, il y a sans doute pas de réelles mauvaises séances, il y a des séances où on sort frustré en se disant qu’on a quand même passé beaucoup de temps pour rien sur ce canapé, que il s’est ennuyé, que on lui a rien donné à manger. Ça c’est ma manière de penser qui … – Ah vous voulez lui faire plaisir ? – Oui bien sûr oui. Une expression que j’utilisais qui est sans doute très associative pour le coup, c’était lui donner du « bon mangé(r) », je voulais lui donner en séance du « bon mangé(r) ». Alors seulement on en lui donne pas toujours du « bon mangé(r) » et quand on lui donne du « bon mangé(r) » finalement je ne suis pas sûr que ça marche par ailleurs. Mais oui il y a ça. Et donc là évidemment on entend à quel point j’ai besoin de lui faire plaisir à cet homme là, oui et à ce qu’il reconnaisse que je veux lui faire plaisir. Et donc tout ça ça fait parti du travail. »

LE COMPLEXE D’OEDIPE A LA RACINE

De Chaos à Oedipe

Deux au moins des concepts essentiels de la psychanalyse, le complexe d’Oedipe et le narcissisme, doivent leur nom à la mythologie grecque. Freud a achevé l’invention de la psychanalyse comme science spécifique, différente de la biologie et de la psychologie, en reconnaissant que la névrose, et aussi le devenir humain, se jouent sur le mythe d’Oedipe. Pour le découvrir, il ne suffisait pas d’avoir, comme tout un chacun, lu la tragédie de Sophocle. Il fallait, comme Freud le fit et comme il ne cessa de le recommander aux psychanalystes, être familier de toute la mythologie grecque, avoir des vues sur les autres mythologies, se tenir au courant des progrès de l’archéologie et de l’histoire des religions, des résultats des fouilles, des monuments et des textes significatifs mis à jour, des grandes hypothèses élaborées par les spécialistes pour rendre compte des mythes. A son exemple, essayons de refaire aujourd’hui le travail que Freud a commencé en 1897 et que, jusqu’à Moïse et le Monothéisme, il n’a cessé d’enrichir.

ÉTRANGE ÉTRANGER

Patrick Guyomard nous cause

L’altérité n’est pas la différence. 

L’expérience de la psychanalyse, dans laquelle l’inconscient s’invite comme un hôte inattendu et insaisissable, est une expérience de l’Autre. Les modalités de l’altérité, du proche et du loin de soi, sont à la fois convoquées et constituantes.

 

Patrick Guyomard • Mai 2016 • Montpellier

MOELLE ET POÉSIE

Toute véritable pensée ne peut être, par définition, dominatrice

Voilà une parole à entendre au-delà de la question de la folie asilaire car il va s’en dire que celui qui sort de quelque bien-entendu que ce soit trouve un peu de répit à travers ce que tente de défendre ici dans ces seulement 3 minutes, Monsieur Lucien Bonnafé. Il y a l’art et il y a le commerce. Il y a le monde dans lequel on vit et il y a le sujet que l’on est et il y a de comment on se débrouille avec ne serait-ce que ces deux données là.