ULTIMA VERBA

J’essaie en tout cas, solitaire ou non, de faire mon métier, et si je le trouve parfois dur, c’est qu’il s’exerce principalement dans l’assez affreuse société intellectuelle où nous vivons. Où l’on se fait un point d’honneur à la déloyauté. Où le reflex a remplacé la reflexion. Où l’on pense à coup de slogan et où la méchanceté essaie trop souvent de se faire passer pour l’intelligence.

Je ne suis pas de ces amants de la liberté qui veulent la parer de chaînes redoublées, ni de ces serviteurs de la justice qui pensent que l’on ne sert bien la justice qu’en vouant plusieurs générations à l’injustice. Je vis comme je peux dans un pays malheureux, riche de son peuple et de sa jeunesse, provisoirement pauvre dans ses élites. Lancé à la recherche d’un ordre et d’une renaissance à laquelle je crois. Sans liberté vraie et sans un certain honneur, je ne puis vivre. Voilà l’idée que je me fais de mon métier.

CAMUS

‘ Ce qu’il faut combattre aujourd’hui, c’est la peur et le silence, et avec eux la séparation des esprits et des âmes qu’ils entraînent. Ce qu’il faut défendre, c’est le dialogue et la communication universelle des hommes entre eux. La servitude, l’injustice et le mensonge sont les fléaux qui brisent cette communication et interdisent le dialogue.
C’est pourquoi nous devons les refuser ‘.
Albert Camus