DÉSIR, MON TYRAN

Extraits du livre de Jean-Pierre Winter, Les errants de la chair, Études sur l’hystérie masculine

Et l’Autre, l’Autre dont on se demande ce qu’il veut, et auquel nous répondons, en tant que névrosé, par la construction du fantasme, il se trouve que dans notre vie quotidienne il est incarné par ceux qui nous gouvernent. C’est à dire que l’Autre, ce n’est pas seulement une figure conceptuelle, il s’incarne. De sorte qu’à la question : « Devons-nous ou non satisfaire aux désirs du tyran ? » Nous ne pouvons pas répondre si nous ne nous mettons pas en demeure de cerner ce désir quand l’occasion nous en est donnée. Comment pourrait-on résister à satisfaire le désir du tyran si nous nous interdisons le travail qui consiste à dévoiler ce désir, à le débusquer ? Mais Lacan continue en disant : « C’est la balance éthique à proprement parler, et c’est à ce niveau que, sans faire intervenir aucun dramatisme externe, parce qu’on n’en a pas besoin, tout simplement, nous avons aussi affaire à ce qui, au terme de l’analyse, reste suspendu à l’Autre, avec un grand A. » [ … ] Mais bien sûr, à cerner son désir, on s’expose, en faisant son portrait, à faire comme les peintres qui, quoi que ce soit qu’ils peignent, ne font jamais rien d’autre qu’un autoportrait. C’est dire qu’à faire le portrait du tyran, c’est His majesty the baby qu’on va rencontrer, c’est-à-dire sa propre tyrannie, et notamment ceci, qui est ce à quoi nous ne pouvons échapper : la tyrannie du désir.

LE SUICIDE, UNE PORTE

… Que les dieux rêvés ne peuvent même fermer.

 » On change à volonté la fleur et le parfum, car notre gaz imperceptible, donne à la mort l’odeur de la fleur qu’on aima. « 

Il y a les passages à l’acte et il y a le dire. Et il y a l’entendre. 

 » La Seine s’étalait devant ma maison, sans une ride, et vernie par le soleil du matin. (…) La sensation de vie qui recommence chaque jour, de la vie fraîche, gaie, amoureuse, frémissant dans les feuilles, palpitant dans l’air, miroitant dans l’eau. On me remit les journaux que le facteur venait d’apporter et je m’en allai sur la rive, à pas tranquilles, pour les lire. Dans le premier que j’ouvris, j’aperçus ces mots : 
.
« STATISTIQUES DES SUICIDÉS »
(…)

CHABOUDEZ GISÈLE

Présentation

‘ Ce travail est le témoignage d’une surprise à découvrir combien la pensée du nouage, dans notre rapport aux concepts psychanalytiques, est féconde, évidente, nécessaire. Les concepts fondamentaux élaborés depuis le début de l’histoire de notre discipline, un à un, à partir de la clinique où ils se présentent, où ils nous sont nécessaires, structurent en réalité un ensemble qui fait nœud. Pas tout concept n’y entre, cela va de soi, mais beaucoup s’en éclairent radicalement, définitivement. Non seulement cela fait nœud, mais l’on peut même se demander pourquoi cela n’a pas été remarqué plus tôt. Comment, dès lors que ce qui nous définit est d’être des corps parlants, n’a-t-on pas plus tôt interrogé cette spécificité qui implique par définition que le langage est noué au corps, et le corps au langage.

SILENCE

Écoutez un peu !, que j’entende quelque chose. 

Freud était un médecin bavard, démonstratif, persuasif. Ce sont des patientes hystériques qui lui ont ordonné de se taire et d’écouter jusqu’au bout ce qu’elles voulaient dire et qu’elles ne savaient pas encore. Ce qu’elles ignoraient, c’est que la sincérité ne suffit pas pour faire vaciller la statue de soi-même que chacun a construite.

 » J’AIMERAIS CONNAÎTRE UN JOUR UN AMOUR QUI NE ME COÛTE RIEN « 

Oh non! … Et pourtant. 

VIII

Maintenant que les exposés qui précèdent nous ont familiarisés avec le travail du rêve, nous serons sans doute enclins à l’expliquer en y voyant un processus psychique tout à fait particulier dont, à notre connaissance, il n’existe pas d’équivalent. C’est sur le travail du rêve qu’est passé en quelques sorte le déconcertent que provoquait d’ordinaire en nous son produit, le rêve. En réalité, le travail du rêve n’est que le premier des processus psychiques par nous découverts dans une série d’autres, processus auxquels il faut ramener la genèse des symptômes hystériques, des idées anxieuses, obsédantes et délirantes. La condensation et surtout le déplacement sont deux caractères qui ne manquent jamais à ces autres processus. Le remaniement dans le sens de la visualisation reste en revanche particulier au travail du rêve. Si cette explication place le rêve dans la même série que les formations qu’on observe lors de l’entrée dans une maladie psychique, il deviendra d’autant plus important pour nous de connaître les conditions essentielles qui déterminent des processus tels que la formation du rêve. Nous verrons probablement non sans surprise que ni l’état de sommeil ni la maladie ne font partie de ces conditions indispensables. Toute une série de phénomènes de la vie quotidienne des gens bien portants – oubli, lapsus lingual, méprises, et une certaine classes d’erreurs – doivent leur naissance à un mécanisme analogue à celui du rêve et des autres membres de la série.

WITZ OU LE MOT D’ESPRIT

Le Witz, ou trait d’esprit, met en rapport des choses et des pensées hétérogènes : il les condense, il les combine ou, mieux, il les marie, le plus souvent dans une mésalliance qui déclenche le rire de l’auditeur et surprend même celui qui l’énonce. le Witz a la fulgurance de l’éclair.

ESSAIS DE PSYCHANALYSE – FREUD SIGMUND

Psychologie des foules et analyse du moi (1921)

Dans les rapports dont il a été question, aux parents et aux frères et soeurs, à la bien-aimée, à l’ami, au professeur et au médecin, l’individu ne subit jamais que l’influence d’une seule personne ou d’un très petit nombre de personnes dont chacune a acquis une importance énorme. Or on est habitué, quand on parle de psychologie des foules, à faire abstraction de ces relations et à isoler, comme objet de la recherche, l’influence exercée simultanément sur l’individu par un grand nombre de personnes avec lesquelles il est lié de quelque manière, alors que, par ailleurs, elles peuvent bien à maints égards lui être étrangères.

AVEC LE PSYCHANALYSTE, L’HOMME SE RÉVEILLE

Le courage d’écrire

AVEC LE PSYCHANALYSTE, L’HOMME SE RÉVEILLE

« Qui n’a pas eu la chance de suivre les enseignements d’Olivier Grignon pourra découvrir, en lisant les textes de ses conférences ici réunies, le travail d’un psychanalyste soucieux de transmettre à ses auditoires une psychanalyse vivante, en mouvement, forgeant sa recherche en l’inscrivant systématiquement dans un permanent dialogue avec ses maîtres – Freud, Dolto, Lacan – et ses pairs.

Son incontestable talent réside en grande partie dans son effort permanent pour déplier ce qui, dans la théorie analytique, a tendance à s’ombiliquer pour devenir d’abord doctrine puis lettre morte. Olivier Grignon n’est pas en quête d’une théorie idéale et sophistiquée mais à la recherche de ce qui s’arrache de la clinique pour s’écrire et se dire conceptuellement.