La première agit comme un procédé cosmétique, la dernière comme un procédé chirurgical. Celle-là utilise la suggestion pour interdire les symptômes, elle renforce les refoulements, mais laisse inchangés tous les processus qui ont abouti à la formation des symptômes. Au contraire, la thérapeutique analytique, lorsqu’elle se trouve en présence des conflits qui ont engendré les symptômes, cherche à remonter jusqu’à la racine jusqu’à l’issue de ces conflits. La thérapeutique hypnotique laisse le patient inactif et inchangé, par conséquent sans plus de résistance devant une nouvelle cause de troubles morbides. Le traitement analytique impose au médecin et malade des efforts pénibles tendant à surmonter des résistances intérieures. Lorsque ces résistances sont vaincues, la vie psychique du malade se trouve changée d’une façon durable, élevée à un degré de développement supérieur et reste protégée contre toute nouvelle possibilité pathogène. C’est ce travail de lutte contre les résistances qui constitue la tâche essentielle du traitement analytique, et cette tâche incombe au patient [ … ]
Author: Marianne Carabin
L’INTERPRÉTATION DES RÊVES – CHAPITRE VII (Extrait)
On peut toujours montrer qu’un second courant de pensées détermine les éléments que le premier n’avait pas déterminé. Si, par exemple, je voulais imaginer un nombre d’une façon tout à fait arbitraire, je ne le pourrais pas : le nombre qui me viendrait à l’esprit serait déterminé par des pensées qui peuvent être éloignées de mes intentions immédiates, mais qui n’en agissent pas moins d’une manière univoque et nécessaire. Les transformations que le rêve subit quand nous le racontons sont tout aussi peu arbitraires. Il y a une association d’idées entre elles et le contenu qu’elles remplacent, de sorte qu’elles nous aident à trouver ce contenu, qui peut-être a déjà été substitué à un autre.
PIERRE REY
‘ La culture, c’est la mémoire de l’intelligence des autres.
Hormis quelques appareils digestifs exceptionnels, elle ne produit que de la culture, un discours sur un discours, à l’infini, qui se déploie dans les limites sans surprises du registres de la loi : la nier, la combattre ou la subir, dans tous les cas, c’est encore la reconnaître. Hegel, dont Sartre s’est largement inspiré, l’avait admis lui-même avec humilité en constatant que depuis vingt-quatre siècles les gains de la philosophie se bornaient à « des notes en index de Platon ».
Un index relève de la culture. Et la culture est continuité.
La création, son contraire, est rupture.
LA GRADIVA
A la vérité, aucun écrivain digne de ce nom n’a jamais observé cet impératif. En effet, la description de la vie psychique de l’homme est bien son domaine le plus spécifique; il a été de tout temps le précurseur de la science et par là aussi celui de la psychologie scientifique. Mais la frontière entre les états psychiques que l’on dit normaux et ceux que l’on appelle pathologiques est d’une part conventionnelle et d’autre part si fluctuante que vraisemblablement, chacun de nous la franchit plusieurs fois au cours d’une journée.
TCHOANG-TSEU, LE RÊVE DU PAPILLON
‘ Quand Tchoang-tseu est réveillé, il peut se demander si ce n’est pas le papillon qui rêve qu’il est Tchoang-tseu. Il a raison d’ailleurs, et doublement, d’abord parce que c’est ce qui prouve qu’il n’est pas fou, il ne se prend pas pour absolument identique à Tchoang-tseu – et, deuxièmement, parce qu’il ne croit pas […]
NOUVEAU(X) GENRE(S) – DIMANCHE 25 FÉVRIER 2018
Rendre compte du travail analytique lié au manque et aux « affaires de l’amour » c’est également rendre compte de ce qui revient, fait retour, ne cesse de ne pas rater, ce « je n’en veux rien savoir » poussant l’analysante du côté de la frustration et de l’imagination. Jacques Lacan a mis au coeur de la psychanalyse la question de l’amour, en tant qu’elle sous-tend notre rapport singulier au langage, nos relations avec les autres. Il la définit en opposition avec le capitalisme qui ne veut rien savoir des questions de l’amour et des symptômes qui y sont corrélés.
LACAN, L’EXPÉRIENCE ANALYTIQUE, 09 – 11 MARS 2018
Que fait-on de la demande à la lumière de ce qu’il en a dévoilé ? Comment pratique-t-on l’interprétation équivoque, et quels effets en observe-t-on ? Que sont devenues les structures cliniques, lorsque leur logique s’atteste toujours plus tandis que l’évolution des sociétés les conteste ? Que traite-t-on du symptôme, du fantasme ? Quel usage fait-on de l’amour du transfert, à d’autres fins que l’amour ? Comment et quand finit-on une analyse ? Toutes questions sur lesquelles de nombreux analystes se prononceront et échangeront, tout en dessinant ce qui reste encore pour l’avenir à déchiffrer, à utiliser, et à prolonger de cette psychanalyse freudienne lacanienne indispensable.
PENSER OU LES MAINS DU POTIER
Il conviendrait plus que jamais, pour retrouver notre dignité et nous émanciper d’une oppression sociale et culturelle d’autant plus dangereuse qu’elle est insidieuse, de retrouver le courage de penser.
A condition de ne pas réduire le penser à ce qui se produit dans les réseaux neuronaux, à la conscience vigile, à la raison et au calcul. Ce qui s’appelle « penser » guide, oriente et détermine les mains du potier qui donnent une forme au vide (…)
L’OS D’UNE CURE – J.A MILLER
Mais la répétition signifiante avec des variations positionnelles et syntaxiques enrichit la signification de tout le poids de la pierre et élève ainsi celle-ci rang de l’obstacle fondamental, qui m’empêche de poursuivre le chemin que j’ai décidé de parcourir. C’est l’obstacle qui entrave mon intention, bloque mon mouvement et m’oblige à répéter l’énoncé de l’évidence. Cette évidence s’impose à moi au point que j’en suis réduit à psalmodier mon malheur ( … )
LES INTERMITTENCES DE L’ÊTRE
[ .. ] Qui ne connait pas la dépression, qui ne se sent jamais l’âme entamée par le corps, envahie par sa faiblesse, est incapable d’apercevoir sur l’homme aucune vérité ; il faut venir en dessous, il faut regarder l’envers ; il faut ne plus pouvoir bouger, ni espérer, ni croire, pour constater. [ … ] Ce doit être la consolation de ceux qui expérimente ainsi à petits coups la mort qu’ils sont les seuls à savoir un peu comment la vie est faite.