Article écrit par Marianne Carabin à partir de la vidéo d’Alain Connes ci-dessous.
La physique quantique et la psychanalyse
« Le passé qui bouge encore » est très simple à comprendre. C’est une référence à un petit article d’Einstein. Il faut penser aux expériences de Wheeller. On sait maintenant, cela a été démontré par Alain Aspect avec l’expérience du Choix retardé que l’on peut faire notre choix APRÈS avoir obtenu le résultat : ! et oui. Ce qui est rationnellement tout à fait inimaginable dans la logique actuellement encore dominante mais qui n’en est cependant pas moins scientifiquement – c’est-à-dire expérimentalement – démontré (car la science n’est rien d’autre qu’un résultat d’observations d’expérimentations et non des théories issues de nulle part ou de quelque vues de l’esprit que ce soit. En somme, n’oublions jamais que tout concept, toute science, n’est qu’une mise en mots d’observations de phénomènes sensoriellement répétables dans un contexte défini et pour un « temps » inconnu mais compté).
Avec les expériences de John Wheeler, nous constatons que c’est au moment présent que nous décidons de la direction pourtant prise auparavant par le photon. Ce qui souligne que notre système philosophique, notre système de pensée actuel tente toujours de fixer l’histoire, d’épingler le passé. Or, ce que, par les chiffres et les mathématiques, la quantique nous montre c’est que le passé n’est pas fixe. Ce que nous pensons être notre vision du passé nous essayons de la fixer. En réalité, elle n’est pas fixée. Le passé comme le futur est donc incertain. C’est toute la définition de l’instant présent mais aussi du passé qui est remise en question, qui est redéfinie nous dit ici Alain Connes. La notion de TEMPS telle que nous la percevons, c’est-à-dire comme quelque chose sur lequel nous ne pourrions pas revenir, est inapproprié, obsolète. Le quantique oblige à penser les choses différemment et l’idée reçue de la raison et de la science que nous avons eu jusqu’à présent n’a aujourd’hui plus valeur de référence.
Quel rapport avec la psychanalyse et le travail analytique me direz-vous ?
Tout l’enjeu d’un voyage analytique n’est ni plus ni moins que ce qui est dit ci-dessus ; réécrire son histoire, SA « propre » histoire et cela quel que soit le terreau dans lequel les premiers noeuds auront été mis en scène. Alors, oui, cela prend du temps, un certain temps, un temps certain, car le fondamental du cheminement analytique est bien de tenir soi-même le stylo pour la réécrire cette histoire afin qu’elle soit enfin véritablement la nôtre et non de faire de son analyste un nègre qui écrirait notre histoire à notre place. Non. Tout ce qui se passe dans le cadre d’un travail analytique fait écho à des schémas relationnels répétitifs. Toutes les critiques, tous les sentiments, toutes les émotions, tous les actes qui viennent dans la relation analytique sont autant d’opportunités de pouvoir interroger ce qui se joue alors, ou ne serait ce que de le constater, afin de petit à petit se défaire de l’intensité gluante que nous n’avons de cesse de recréer toujours à travers chacune de nos relations.
Alors, que ce soit avec la psychanalyse ou la physique quantique, il s’agit d’ouvrir des portes insoupçonnées. C’est souvent cela qui effraie: que vais-je trouver derrière la porte? Rien d’autre qu’une réalité à réécrire.