[ … ] ‘ Si ça ne va pas, écris. Ecris ce que tu penses ; jusqu’au bout ( * jusque là où tu peux. Tu verras que tu ne peux pas beaucoup et cela t’étonnera de ne pouvoir dire par l’écrit que si peu. Des éclairs poétiques viendront à ta rescousse. Les tiens d’éclairs poétiques. Pas ceux des autres. Ils ne seront, ici, à cet instant d’aucun secours. Tu comprendras sans le savoir encore bien des choses et tu ne mourras pas tout à fait maintenant. Plus tard peut-être. Plus tard. Evidemment. Heureusement. ) Il faut y arriver pour que ce soit fini. Alors, si tu te retrouves vraiment, tu as franchi. Quand tu as tout écrit, tu n’es plus là-bas. C’est ça la mémoire. C’est un passage, un passage actif : se remémorer compte plus que les choses oubliées. Il faut que la merveille t’appelle, te réveille. Deux ou trois fois par nuit. Ou bien deux ou trois fois par semaine, chez son psychanalyste. Pendant des années. Je ne me rendormirai pas. Malgré la douleur de se lever. Dormir/écrire… et retomber dans les bras dit maternels du sommeil au terme de cette conjonction/disjonction. Le poinçion de l’acte d’écriture vous a poinçonné. D’où vient cette certitude (maladive?) que la guérison passe par là ? Pourtant, rien n’est changé : seulement dit – mais bien dit. Et écrit.Arrêté, en quelque sorte. Voilà. Une fois écrit, ce sera dit. ‘
Extrait p.125 ( * lequel n’est pas sans mon petit ajout )