
Toute langue pétrit l’être, le fait apparaître au monde (…)
La thèse du présent ouvrage est que la dignité provient de la pensée, de la capacité de penser. Cette capacité de penser est subordonnée à la parole (…)
La thèse du présent ouvrage est que la dignité provient de la pensée, de la capacité de penser. Cette capacité de penser est subordonnée à la parole (…)
La foi dans l’acte de parler, de promettre, demande un acte de confiance insensé dans l’Autre. En analyse, le seul fait d’oser dire « tout ce qui vous vient en tête », de pouvoir libérer ces mots perdus hantés par d’autres, les fantômes, de laisser se rouvrir des blessures infectées parce que tenues si longtemps au secret, est un bouleversement majeur. C’est de cette « répétition spirituelle dont parle Kierkegaard, comme figure de l’inespéré.
« Des fois je me sens très irrité ou jaloux d’une attention qu’il a pu marqué au patient qui va s’en aller dont j’ai pu percevoir quelque chose. Ou pas. Mais j’en imagine quelque chose. Donc ça, ça va créer aussi une ambiance dans laquelle j’ai finalement envie ou pas envie, donc ça vient brimer ou ça vient influencer. C’est quand même extrêmement compliqué de savoir ce qui fait une bonne séance ou ce qui fait une mauvaise séance. Au total, il y a sans doute pas de réelles mauvaises séances, il y a des séances où on sort frustré en se disant qu’on a quand même passé beaucoup de temps pour rien sur ce canapé, que il s’est ennuyé, que on lui a rien donné à manger. Ça c’est ma manière de penser qui … – Ah vous voulez lui faire plaisir ? – Oui bien sûr oui. Une expression que j’utilisais qui est sans doute très associative pour le coup, c’était lui donner du « bon mangé(r) », je voulais lui donner en séance du « bon mangé(r) ». Alors seulement on en lui donne pas toujours du « bon mangé(r) » et quand on lui donne du « bon mangé(r) » finalement je ne suis pas sûr que ça marche par ailleurs. Mais oui il y a ça. Et donc là évidemment on entend à quel point j’ai besoin de lui faire plaisir à cet homme là, oui et à ce qu’il reconnaisse que je veux lui faire plaisir. Et donc tout ça ça fait parti du travail. »
Article écrit par Marianne Carabin à partir de la vidéo d’Alain Connes ci-dessous.
Bienvenue dans l’enfer de l’obsessionnel(le) : celui ou celle dont on dit qu’il est atteint des fameux TOC, les troubles obsessionnels compulsifs. L’enfer donc. Une vie assiégée, contrainte en permanence, par des idées, mais aussi par des actes, des rituels.
L’expérience de la psychanalyse, dans laquelle l’inconscient s’invite comme un hôte inattendu et insaisissable, est une expérience de l’Autre. Les modalités de l’altérité, du proche et du loin de soi, sont à la fois convoquées et constituantes.
Patrick Guyomard • Mai 2016 • Montpellier
Voilà une parole à entendre au-delà de la question de la folie asilaire car il va s’en dire que celui qui sort de quelque bien-entendu que ce soit trouve un peu de répit à travers ce que tente de défendre ici dans ces seulement 3 minutes, Monsieur Lucien Bonnafé. Il y a l’art et il y a le commerce. Il y a le monde dans lequel on vit et il y a le sujet que l’on est et il y a de comment on se débrouille avec ne serait-ce que ces deux données là.
Extrait d’une conférence à propos du Corps parlant par Jean-Pierre Winter
[…]
Adviendra ce moment quasi mythique, impossible en tout cas pour chacun d’entre nous à dater, ce moment où on acquiert la certitude qu’un enfant sait parler même s’il n’utilise pas les sons qui sont à sa dispositions et qu’il emprunte nécessairement à l’autre. On est tous des plagiaires. Ce moment, avec Helen Keller, il nous ai donnés comme celui où pour la première fois, dans ce contexte où la soumet miss Sullivan, Helen fera le lien entre, non pas Cake, c, a, k, e / tapoter sur la main, mais entre le mot « water » et l’eau de la fontaine. Un peu comme si chacun d’entre nous avait un mot clef par lequel il pouvait entrer dans le langage. Un mot et pas un autre. [ … ]
Il est arrivé à Paul Valéry de noter quelques uns de ses rêves. sans doute avait-il ses raisons pour ne pas les scruter. Mais il y a une leçon pour nous dans cette réserve. A force de nous intéresser au « contenu » du rêve, nous risquons d’oublier ce qu’il excite en nous.Le rêve, produit d’excitations, est en lui-même un excitant, qu’il soit plaisir ou douleur, car la douleur aussi excite : il est notre fièvre, notre reste nocturne. Son destin est l’oubli. Son résultat heureux : l’esprit en éveil, insatiable, curieux de lui-même et de ses oeuvres. En témoignent exemplairement les cahiers à couverture colorée, les liasses de papier conservées en secret d’un toujours très jeune homme que ni l’Académie ni son statut de « poète d’État » et de « prince des idées » n’auront réussi à endormir.