LE SYMPTÔME AUJOURD’HUI

Voici le verbatim de l’intervention de Madame Catherine Vanier au colloque d’Espace Analytique, « Clinique psychanalytique du symptôme » *

Tristan, 7 ans 

Je vais essayer à propos de symptôme et de modernité de vous parler très brièvement d’une famille que j’ai reçue il y a très peu de temps, que je viens de recevoir. Un petit garçon, appelons-le Tristan, il a 7 ans et il vient pour un premier rendez-vous accompagné de ses parents pour des troubles du sommeil apparus récemment : endormissement difficile et tardif, nuits agitées, réveils occasionnés par des cauchemars, qui certaines nuits peuvent se répéter toutes les heures, et qui se terminent à chaque fois dans le lit des parents. « Il vient toujours de mon côté » précise la mère « parce que, moi, je suis la seule à pouvoir le rassurer. » Certains matins, Tristan, épuisé, n’arrive même plus à aller en classe. La directrice de l’école conseille à la famille de consulter. Les voilà donc venus, m’expliquer qu’il fallait de toute urgence trouver une solution pour résoudre ce problème, ce problème récent auquel ils n’étaient pas habitués, au plus vite. D’ailleurs toute la famille est à bout, y compris Agathe. Les parents me parlent beaucoup d’Agathe, la grande soeur de 9 ans qui avait d’ailleurs dit récemment que si son frère continuait à réveiller la nuit, c’était pas compliqué, elle quitterait la maison. Ce qui a beaucoup paniqué les parents. Le père me dit « Tout doit rentrer dans l’ordre. Faites quelque chose et surtout, surtout, surtout qu’on n’en parle plus ! »

Mais justement, ça tombait mal, puisque moi ce que je leur proposais c’était de me parler de Tristan.

JOURNÉE MONDIALE DE LA VOIX – MERCREDI 12 JUIN 2019

LA VOIX ENTRE CUIR ET CHAIR

La journée mondiale de la Voix, a vu le jour au Brésil le 16 avril 1999 et a depuis été reconduite dans différents pays. En 2010 à Paris, avec L’autre côté de la voix, elle a pris, à Paris, la forme singulière de ce « colloque voix/Psychanalyse » dédié à la voix a-sonore qui pulse au coeur de la parole. En 2011, La Voix Aveugle a tissé et métissé ce qui se trame entre voix et regard. En 2012, La Voix sur les braises a fait flamboyer le désir religieux qui nous la voix du sujet avec celle de l’Autre. En 2013, Vox Dolorosa a déplié les brisures de la voix dolente prise dans l’étau du corps-parlant. En 2014, La voix entre chien et loup s’est aventurée dans les structures psychiques, là où elle de l’ombre à la parole. En 2015, Voix des murs, Voix d’a-mur a joué les passe-murailles, traquant dans les fissures de la parole et les coursives du corps, l’appel à l’amour et à la mort qui s’y niche. En 2016, A bas bruit, la voix a tendu l’oreille au bruissement de la langue qui fait mi-dire la parole et tressaillir le corps du secret, à l’affut de la voix basse de l’Autre. En 2017, Voix à double tranchant a osé démasquer les voix hors-scène qui maintiennent la parole sur le fil du rasoir. En 2018, Voix en trompe l’oeil a joué avec le semblant et l’illusion qui brouillent l’écoute et font dévier une certaine Voix trompe la mort.

Cette année, en 2019, La voix entre Cuir et Chair, s’écorche vive aux aspérités de la parole, dans le corps à corps avec l’autre. Entre perception et conscience, elle s’incarne, se décharge, et travaille au burin l’oreille débordant parfois de surdité mortifère.

Mercredi 12 Juin 2019 de 9h00 – 18h30 

Paris Diderot / Amphithéâtre A2 

SILVIA LIPPI – 26 SEPTEMBRE 2019 – RYTHME ET MÉLANCOLIE

SILVIA LIPPI

auteure de
« Rythme et mélancolie »
Eres, 2019
avec

Alejandra Ruiz Lladó, Bernard Toboul, Diana Kamienny
26 Septembre 2019
21h
Maison de l’Amérique Latine *
 

« Quelle relation y a-t-il entre la psychanalyse, dont la pratique est fondée sur le langage, et la musique, qu’on dit asémantique parce qu’elle nous bouleverse sans jamais articuler de signification précise ?». C’est avec cette question que l’auteure ouvre son travail influencé par son expérience de la musique et du jazz en particulier.
Contrairement aux abords de la clinique de la mélancolie à travers l’objet, ce travail introduit la question du rythme, et opère un transfert conceptuel que nous essayerons de mettre à l’épreuve lors de cette soirée.

ACTALITÉ DES PULSIONS – DATE À VENIR (2020)

ACTUALITÉ DES PULSIONS

Ces journées aux dates prévues ont été annulées, le programme semblerait, lui, être reporté à une date viable

Au fur et à mesure que ses institutions et ses logiques évoluent, notre époque montre plus encore combien le désir humain ne peut s’articuler sans la force et l’organisation pulsionnelle, qui peuvent aller jusqu’à le submerger. Moins masquée aujourd’hui par les interdits et les croyances religieuses, la pulsion se manifeste toujours plus dans les symptômes qu’elle produit, dans la logique qu’elle répète, les destins multiples qu’elle connaît, qui sont autant de substituts aux excitations qu’elle crée.

Boulimie, addictions, SM, exhibitions, et bien d’autres formes la mettent ouvertement en scène. L’expérience freudienne en a épelé la clinique, la source, l’objet, le but, a montré en quoi la pulsion relaie l’organique dans le psychisme sous la forme d’une poussée constante. Les pulsions sont nos mythes, disait Freud, et en effet elles poussent selon une grammaire alors qu’elles sont ancrées dans les orifices et organes du corps, elles manifestent l’appareillage des zones érogènes du corps par le langage.

CHAOS, GAYA ET OURANOS

Didier Anzieu, 1966 : « Oedipe avant le complexe ou de l’interprétation psychanalytique des mythes »[1]

I. LECTURE DE LA MYTHOLOGIE GRECQUE

Deux au moins des concepts essentiels de la psychanalyse, le complexe d’Oedipe et le narcissisme, doivent leur nom à la mythologie grecque. Freud a achevé l’invention de la psychanalyse comme science spécifique, différente de la biologie et de la psychologie, en reconnaissant que la névrose, et aussi le devenir humain, se jouent sur le mythe d’Oedipe. Pour le découvrir, il ne suffisait pas d’avoir, comme tout un chacun, lu la tragédie de Sophocle. Il fallait, comme Freud le fit et comme il ne cessa de le recommander aux psychanalystes, être familier de toute la mythologie grecque, avoir des vues sur les autres mythologies, se tenir au courant des progrès de l’archéologie et de l’histoire des religions, des résultats des fouilles, des monuments et des textes significatifs mis à jour, des grandes hypothèses élaborées par les spécialistes pour rendre compte des mythes. A son exemple, essayons de refaire aujourd’hui le travail que Freud a commencé en 1897 et que, jusqu’à Moïse et le Monothéisme, il n’a cessé d’enrichir.

Relisons tout d’abord d’un trait la mythologie grecque telle que depuis plus d’un demi-siècle, l’immense érudition des philologues germaniques l’a établie sous une forme sans doute définitive. Notre principale surprise est d’y rencontrer presque à chaque page la fantasmatique œdipienne.

Les stades primitifs du complexe d’Oedipe

La théogonie grecque selon Hésiode s’ouvre sur un premier mythe – le mythe des origines – dont le caractère proto-œdipien est éclatant.
A partir du Chaos, tout commence à prendre un sens lorsque apparaît Gaïa, la Terre substantielle, non cultivée, qui divise le vide universel en trois zones : le milieu, qu’elle détient, l’au-dessus, et l’en- dessous. Gaïa produit plusieurs êtres, dont le premier-né Ouranos occupe la région du Ciel. A l’exception des êtres de la Nuit, engendrés du Chaos et qui vont peupler l’en-dessous, tout ce qui existe va naître du couple primitif et incestueux formé par Gaïa et son fils Ouranos: les dieux et les monstres. Seul le Ciel en effet « couvre » la Terre entière. Lasse de la fécondité perpétuelle à laquelle la condamnent les assiduités de son époux, irritée de la haine que cet époux porte à ceux de ses fils monstres qu’il contraint à vivre emprisonnés a l’intérieur de la Terre, Gaïa demande aide et vengeance à ses fils divins. Le dernier-né Cronos accepte de répondre à son désir. Armé d’une serpe qu’elle lui a donnée, il guette, caché, le commerce sexuel de ses parents, l’interrompt, émascule Ouranos et jette ses organes génitaux. Ainsi Cronos prend à Ouranos devenu stérile la royauté du monde. Ainsi la mère a réalisé deux fois son désir incestueux, d’abord avec Ouranos son premier fils auquel elle s’est unie de façon répétée, ensuite de façon indirecte avec Cronos son dernier fils, qu’elle provoque a voir la scène primitive, à éliminer le rival de la couche maternelle et à châtrer le père. Ainsi commence à courir à travers toute la mythologie grecque cet héritage du désir phallique et incestueux émanant de la Terre maternelle[2] et dont le sens après de multiples et d’infinies variantes, sera, terme humain des avatars divins, proféré en langage clair par un héros légendaire, Oedipe.
Plus jamais la castration réelle ne se manifesta chez les dieux[3] : Ouranos est le seul d’entre eux à la subir, comme ce Vieux de la Horde primitive, dont Freud a forgé le mythe dans Totem et Tabou, aurait été réellement tué et dévoré par ses fils. Mais les substituts symboliques de la castration sont dès lors repérables : jeter d’en haut, couper, crever, prendre la place et le pouvoir. Dès lors aussi l’oracle, à bien des héros et des dieux mâles auxquels il parle, répètera le même avertissement, la même malédiction : le mâle est voué à la stérilité ; s’il la transgresse, de lui naîtra un fils qui le tuera. Désormais au désir œdipien propre à la mère s’ajoute, dans l’histoire mythologique, la crainte et la menace œdipiennes propres au père.

LE CORPS N’EN FAIT QU’À SA TÊTE – 24 NOVEMBRE 2018 – NÎMES

24 Novembre 2018 de 9h30 à 17h00

Colloque annuel de l’association de la Cause freudienne

Auditorium du lycée Saint-Vincent de Paul, 3 Bd de Bruxelles, Nîmes

 

A la rencontre de cet inconnu : le corps

Argument : N’en déplaise à ses détracteurs comme à nos défenses névrotiques, la psychanalyse lacanienne n’est pas une pratique « d’intellectuels ». La question du corps y est centrale. On vient en analyse avec son corps, un corps que l’angoisse tétanise, aux prises avec une douleur inouïe, absurde. Et si ce sont pures pensées qui semblent tyranniser le sujet, le corps est aussi de la partie sur le mode d’un refus. A l’envers l’opposé de toutes promesses de maîtrise : « Je fais ce que je veux de/avec mon corps», l’expérience montre que celui-ci semble vouloir n’en faire qu’à sa tête ! L’accompagnement de sujets en grande difficulté, dont les corps s’agitent à l’excès ou que la violence déborde, confrontent au fait que nos diIT QU’À SA TÊTEscours semblent sonner dans le vide. Les bonnes résolutions, « pensées positives » et autres tentatives de suggestions sont d’un pouvoir très limité sur la souffrance rebelle et dont la « véritable » cause nous échappe…