A B Y S S E S

 

 » Juste sous la surface, il y a un autre monde, et encore d’autres mondes à mesure que l’on creuse. Je le savais quand j’étais enfant, mais je n’en avais pas la preuve. C’était juste un sentiment. Il y a de la bonté dans un ciel bleu et les fleurs, mais une autre force – une douleur sauvage et une décomposition – accompagne également tout. « 

David Lynch, cinéaste du dévoilement du réel et de l’inquiétant dans le familier.

[1946-2025]


Brèves

 

David Lynch, tu le regardais et tu te demandais s’il dort jamais, s’il rêve ou s’il vit dans un rêve constant. Ce type était une fissure dans le mur propre du quotidien, une fracture dans la réalité. Tu poses les yeux sur ses films et c’est comme regarder le monde à travers une vitre cassée. Tout est là, mais rien n’est à sa place.
Lynch, c’était le surréalisme qui s’est glissé dans un costume, qui a appris à nouer une cravate et à parler aux banquiers du studio. Mais ses poches étaient pleines de sable, et il te le jettait à la figure à chaque plan. Tu regardes une de ses oeuvres, tu penses que c’est une histoire d’amour, mais soudain il y a un visage qui fond, une lumière stroboscopique, une boîte bleue qui s’ouvre sur l’infini. Ce n’est pas une déviation de la route, c’est la route elle-même qui n’a jamais mené nulle part.
Il appartenait au surréalisme comme un éclat d’étoile appartient à la nuit. C’est une évidence. Chaque cadre qu’il construisit était une énigme, et chaque personnage, une question à laquelle il refusait de répondre.
C’est ça, le surréalisme, l’ami, pas une évasion, mais un miroir qui t’oblige à voir ce que tu ne veux pas voir. Et Lynch était maître en la matière.
David Hannoun pour Cinéma et Psychanalyse
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