Chacun est libre de tenter l’aventure, personne ne peut y être contraint, et rien ne garantira jamais qu’à s’y essayer le sujet rencontrera ce qu’il est venu chercher.
Mais justement, c’est de cette liberté que peu de gens veulent. J’en veux pour preuve ces demandes de conseils par lesquelles le sujet avoue que cette liberté de dire sans être interrompu lui est insupportable et qu’il lui préfère la servitude volontaire où il s’en remet à un autre qui le soulage de savoir. ( … ) Ainsi, ici reprocher à l’analyste, a priori, son silence, c’est dire la peur d’être libre. Peur bien compréhensible, mais qui sera traitée sans trop de compassion puisque cette liberté n’est rien d’autre que celle de se défaire de ce qui nous encombre et au premier chef de notre goût insatiable pour la dépendance.
Freud
J’AI COMMENCÉ LA ROUTE, JE NE LE SAVAIS PAS, AU COEUR D’UN ÉTERNEL DÉSERT
Le psychanalyste est alors celui qui prend la main de quelqu’un pour l’accompagner et lui permettre d’apprendre de quoi est fait le rien, le noir, le sans-nom qu’il redoute tant ; peut-être alors est-il comme un chaman ou un Indien, celui qui sait lire dans les choses. Pouvoir faire confiance à quelqu’un qui sait faire ça n’a pas de prix, et ce n’est pas un travail d’apprendre les lois dans les livres, c’est un fruit de l’expérience. Je veux le dire avec force : il faut quand même bien comprendre sur quelle déchirure, sur quelle souffrance, sur quels renoncements repose le moindre concept lacanien.
HORS DE MOI
rien dans la vie psychique ne peut se perdre, rien en disparaît de ce qui s’est formé, tout est conservé d’une façon quelconque et peut réapparaître dans certaines circonstances favorables, par exemple au cours d’une régression suffisante.
» J’AIMERAIS CONNAÎTRE UN JOUR UN AMOUR QUI NE ME COÛTE RIEN «
Chez la patiente dont provient le dernier rêve, par exemple – celui où il est question de trois billets pour 1 fl. 50 kr. -, l’analyse doit admettre qu’elle fait peu de cas de son mari, qu’elle regrette de l’avoir épousé, qu’elle aimerait l’échanger contre un autre. Cette femme affirme certes qu’elle aime son mari, que sa vie affective ne sait rien de ce mépris (un mari cent fois meilleur), mais tous ses symptômes conduisent à la même conclusion que ce rêve, et une fois que furent réveillés ses souvenirs refoulés d’une certaine époque où elle n’a pas aimé son mari en toute conscience, ces symptômes trouvèrent leur résolution et la résistance de la patiente contre l’interprétation du rêve disparut.
WITZ OU LE MOT D’ESPRIT
Le Witz, ou trait d’esprit, met en rapport des choses et des pensées hétérogènes : il les condense, il les combine ou, mieux, il les marie, le plus souvent dans une mésalliance qui déclenche le rire de l’auditeur et surprend même celui qui l’énonce. le Witz a la fulgurance de l’éclair.
LE CENTRE DU MONDE
*Selbstbewusstsein, l’être de soi conscient, tout-conscient.
Plût au ciel qu’il en fût ainsi, mais l’histoire de la science elle-même, nous entendons de la nôtre et depuis qu’elle est née, si nous plaçons sa première naissance dans les mathématiques grecques, se présente plutôt en détours qui satisferont fort peu à cet immanentisme, (…)
SEXUALITÉ(S) – COLLOQUE INTERNATIONAL PARIS – WE DU 20 NOVEMBRE 2021
Ce sont donc les usages de notre société qu’il y a à penser pour que puisse être appréhendé ce qui constitue le cœur des sexualité(s) : l’expression d’Éros, « invincible Éros que nul ne peut éviter et qui détourne chacun des convenances » (Sophocle), raison du scandale des Trois essais sur la théorie sexuelle où Freud montre que tout érotisme est affaire d’expérience singulière,
TO BE IN READINESS
Je ne crois plus à ma neurotica, ce qui ne saurait être compris sans explication ; tu avais toi-même trouvé plausible ce que je t’avais dit. Je vais donc commencer par le commencement et t’exposer la façon dont se sont présentés les motifs de ne plus y croire. Il y eut d’abord les déceptions répétées que je subis lors de mes tentatives pour pousser mes analyses jusqu’à leur véritable achèvement, la fuite des gens dont le cas semblait le mieux se prêter à ce traitement, l’absence du succès total que j’escomptais et la possibilité de m’expliquer autrement, plus simplement, ces succès partiels, tout cela constituant un premier groupe de raisons. Puis, aussi la surprise de constater que, dans chacun des cas, il fallait accuser le père , et ceci sans exclure le mien, de perversion, la notion de la fréquence inattendue de l’hystérie où se retrouve chaque fois la même cause déterminante, alors qu’une telle généralisation des actes pervers commis envers des enfants semblait peu croyable. La perversion, en ce cas, devrait être infiniment plus fréquente que l’hystérie (qui en résulte) puisque cette maladie n’apparaît que lorsque des incidents se sont multipliés et qu’un facteur affaiblissant la défense est intervenu. En troisième lieu, la conviction qu’il n’existe dans l’inconscient aucun indice de réalité de telle sorte qu’il est impossible de distinguer l’une de l’autre la vérité et la fiction investie d’affect.
PRINCIPE DE PLAISIR ?
« Si l’on considère dans son ensemble le tableau dans lequel se rassemblent les manifestations du masochisme immanent de tant de personnes, celle de la réaction thérapeutique négative et de la conscience de culpabilité des névrosés, on ne pourra plus rester attaché à la croyance que le cours des évènements psychiques est exclusivement dominé par l’aspiration au plaisir. »
ZWEIG – FREUD
A l’opposé de Karl Kraus, on trouve Thomas Mann et Stefan Zweig. Ce que le premier appréciait le plus dans la psychanalyse, c’est qu’elle avait râpé la vie de sa grossière naïveté, qu’elle l’avait dépouillée de ça pathos qui est le propre de l’ignorance, bref qu’elle nous avait rendus plus subtils et plus modestes tout à la fois. Quant au second, il écrivait à Freud : « Laissez-moi pour une fois exprimer clairement ce que je vous dois, ce que beaucoup vous doivent – le courage dans la psychologie. Vous avez ôté leurs inhibitions à d’innombrables personnalités, comme à la littérature de toute une époque. Grâce à vous, nous voyons beaucoup de choses. Grâce à vous, nous disons beaucoup de choses qui, sinon, n’auraient été ni vues, ni dites. »