SE FAIRE UN FILM

Comment parler de ce qui traumatise ? 

Dans cet article paru dans le dernier numéro du Mensuel de l’EPFCL, Dominique Marin s’est aidé de Giorgio Agamben et de Georges-Didi Huberman pour tenter d’y répondre.

« Toute plainte est toujours plainte à propos du langage. »

Le dispositif analytique induit une modalité de parler qui diffère de l’ordinaire. Il ne s’agit plus de parler à l’aide d’un savoir à disposition dans le monde, que ce soit dans les livres ou sur la toile d’internet. Le dispositif analytique invite à aller contre le discours dominant qui imprègne les mentalités, il invite à la désobéissance, à désobéir au sens commun auquel tout sujet est plus ou moins aliéné. C’est la raison pour laquelle Lacan a inventé la notion de discours, dont il distingue quatre types, plus un. Au discours du maître antique, puis au discours universitaire induit par le discours hystérique, dont Socrate représente selon lui l’exemple majeur, Lacan ajoute – affirmant à propos de Freud qu’il a introduit dans le monde un nouveau lien social – le discours analytique.
Dans le lien spécifiquement analytique, l’analysant ne s’adresse ni à un esclave auquel il s’agit de commander – il n’est pas le maître du dispositif –, ni à un élève qu’il s’agit d’éduquer – l’analyste ne doit pas être dans l’ignorance de ce qu’il fait –, ni à un maître qu’il s’agit d’interroger – même si Freud a parfois eu la fâcheuse tendance à donner des leçons théoriques à ses patients. Dans le dispositif de la cure, il s’agit de parler à un étranger pour tenter de cerner l’étranger en soi, l’objet du fantasme qui ordonne le cadre de la réalité. Chaque sujet vit dans son monde, comme pris dans le scénario du film de son fantasme. L’expression populaire le dit bien ; Se faire un film.

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La suite de l’article est à retrouver dans la revue ici

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