JE NE CROIS PLUS EN MOI

Mordicus

 » Je n’ai pas toujours été l’homme que je suis. J’ai toute ma vie appris pour devenir l’homme que je suis mais je n’ai pas pour autant oublié l’homme que j’ai été ou, à plus exactement parler, les hommes que j’ai été. Et si, entre ces hommes-là et moi il y a contradiction, si je crois avoir appris, progressé, changeant ces hommes-là quand, me retournant je les regarde, je n’ai point honte d’eux, ils sont les étapes de ce que je suis, ils menaient à moi. Je ne peux dire moi sans eux. Je connais des gens qui sont nés avec la vérité dans leur berceau, qui ne se sont jamais trompés, qui n’ont pas eu à avancer d’un pas de toute leur vie, puisqu’ils étaient arrivés quand ils avaient encore la morve au nez. Ils savent ce qui est bien, ils l’ont toujours su. Ils ont pour les autres la sévérité et le mépris que leur confère l’assurance triomphale d’avoir raison. Je ne leur ressemble pas. La vérité ne m’a pas été révélée à mon baptême, je ne la tiens ni de mon père ni de la classe de ma famille. Ce que j’ai appris m’a coûté cher, ce que je sais je l’ai acquis à mes dépens. Je n’ai pas une seule certitude qui ne me soit venue autrement que par

UNE SINGULIÈRE CAPACITÉ DE VIVRE

VIVRE AU RISQUE DU DIRE

Extrait du texte écrit par Wanda Dabrowski

Offre m’a été faite d’écrire quant à mon expérience de la psychanalyse, offre qui témoigne d’un lien de travail avec des psychanalystes dans une École. Écrire à partir de l’indicible, à partir de ce qui ne peut pas s’écrire, au coeur du noeud de l’expérience et de la transmission.

Vivre quand quelque chose… ne va pas avec la vie, avec le désir de vivre, avec le sentiment mal assuré de vivre, avec le fait de rêver sa vie plutôt que de la réaliser, telles sont quelques déclinaisons qui peuvent motiver une demande d’analyse et qui ne manquent pas de s’y déployer.

LE JOUR OÙ J’AI PRIS LA DÉCISION D’ALLER CONSULTER ‘QUELQU’UN’

Qu’est ce qui nous amène un jour à consulter un psychanalyste ?

Je partage avec vous ici le premier épisode d’une série de quatre documentaires émis sur France Culture en Septembre 2016. 

‘ L’envie de se cacher dans un cabinet de psychanalyste et de comprendre enfin comment ça se passe, ce qui se passe, ce qui se dit et comment ça se dit. De savoir si ça fait du mal ou si ça fait du bien. De savoir si ce psychanalyste est comme le mien, s’ils sont tous pareils ou si ce cabinet ressemble à celui qu’on a fréquenté. Et puis aussi on voudrait que l’analyste avoue. Est-ce qu’il souffre ? Est ce qu’elle compatit ? Est ce qu’il rêve ? Est ce qu’elle s’ennuie ? Est ce qu’il nous aime ? Et puis enfin surtout comment tout ça va finir ?

N’ÊTRE POUR LA MÈRE

Le repérage de cette féminité de la mère n’est pas sans causer une difficulté à l’enfant, mais elle est structurale et structurante.Le Nom-du-Père ne suffit pas à résorber toute la jouissance de la femme qui est sa mère, ce qui conduit chaque enfant à devoir construire sa réponse singulière. C’est la thèse de ce livre

 » Pourquoi ce chemin plutôt qu’un autre ? « 

Rappelons que c’est dans l’épreuve du désir de l’Autre que se constitue le sujet : « Si le désir de la mère est le phallus, l’enfant veut être le phallus pour la satisfaire [ … ] » mais « [ …] ce qu’il a ne vaut pas mieux que ce qu’il n’a pas [ … ] ». Alors, face à quoi se trouve-t-il ?

QU’EST-CE QU’UN HOMME ?

III

Viarregio, près Pise (Italie), le 13 avril 1903.

Au vrai, la vie créatrice est si près de la vie sexuelle, de ses souffrances, de ses voluptés, qu’il n’y faut voir que deux formes d’un seul et même besoin, d’une seule et même jouissance. Et si, au lieu de « rut », on pouvait dire « sexe » dans le sens pur, élevé et large de ce mot, libéré des suspicions de l’Église, l’art de Dehmel serait très haut et de la meilleure source. Sa puissance poétique est grande, forte comme un instinct. Elle a des rythmes à elle, sauvages : elle jaillit comme d’un roc. Mais cette force n’est pas toujours sincère, elle ne va pas sans quelque pose (c’est là une des plus dures épreuves du créateur : il doit rester dans l’ignorance de ses meilleurs dons, ne pas même les pressentir, au risque de la priver de leur ingénuité, de leur virginité). Quand la puissance qui subjugue son être rencontre la sexualité, elle ne trouve pas en Dehmel un homme aussi pur qu’il le faudrait. Son monde de l’amour n’est pas tout à fait mûr, pas tout à fait purifié, pas assez humain ; ce n’est que l’instinct du mâle : c’est du rut, de l’ivresse, de l’inquiétude : il est chargé de ces façons et de ces préjugés qui défigurent l’amour. Parce qu’il n’éprouve l’amour qu’en mâle, et non en homme, il y a en lui quelque chose d’étroit, de sauvage, dirai-je, de haineux, de passager : il y a du « non éternel » qui rabaisse son art et le rend équivoque et douteux. Cet art n’est pas sans taches : il porte la marque du moment et de la passion. Peu en restera.

INQUALIFIABLEMENT SEULS

Les oeuvres d’art sont d’une infinie solitude

Tout est d’abord mené à terme, puis mis au monde. Laisser s’épanouir toute impression et tout germe d’un sentiment au plus profond de soi, dans l’obscurité, dans l’ineffable, dans l’inconscient, dans cette région où notre propre entendement n’accède pas,

LE MAL DE VIVRE

Barbara

‘Je plains ceux qui ne connaissent pas le mal de vivre. Il leur manque quelque chose pour entendre celui qui est en face. Je crois qu’il faut traverser des déserts et je crois même que ceux qui n’en ont jamais traversé sont des infirmes. On ne connaît le mal de vivre que lorsqu’on en connaît la joie.’

– Entretien avec Michèle Manceaux, paru en 1981 dans Marie-Claire
Photo (c) Claude Picasso

Le mal de vivre vit loin de la plainte de vivre.

Le mal de vivre ne se complaît pas, lui. Il n’a pas vue sur un autre soi-disant responsable de son état d’être manquant. Il a simplement atteint l’état de désespérance. Cet état redouté bien que nécessaire duquel il est bien possible de ne jamais s’extraire. Nécessaire à la joie tranquille, à la joie silencieuse qui autorise le ralentissement et offre une porte de sortie aux effervescences effrénées des incessantes injonctions aux bonheurs. Il s’agit ici de la joie. La joie qui, toujours est paisible parce qu’il y a en elle tout l’espace d’un improbable soulagement. Aucune promesse. La joie est toujours tranquille. 

MC

LA-DAME-AVEC-QUI-ON-PARLE

Encourager la parole 

Quiconque pousse la porte de l’analyste, sans même le savoir, ou la porte de chez quelque psy que ce soit, d’aucun compose le numéro de téléphone, prend ce fameux rendez-vous sur les plateformes modernes, c’est toujours la même histoire ; c’est l’enfant en moi qui, exaspéré des injonctions du monde dit « adulte », prend les choses, La Chose, en mains. Ça suffit ! 

«  Pour les enfants, j’étais « la-dame-avec-qui-on-parle ».