LE GÉNIE DU DÉTAIL

Chaque détail, dans un rêve, figure le rêve entier.

Apparait un petit enfant aux bottines rouges, tu t’étonnes qu’il soit laissé seul. Tu approches ta main pour le toucher. Tu es pieds nus maintenant, la ville s’ouvre sur une rivière sauvage. Il y a un oiseau rouge devant toi qui entre dans l’eau et disparaît à son tour.

Pourquoi rouge ?

J’AI COMMENCÉ LA ROUTE, JE NE LE SAVAIS PAS, AU COEUR D’UN ÉTERNEL DÉSERT

 Celui qui pleure est un magicien, un sorcier.

[ … ] Autant dire que pour la psychanalyse, la loi se forge comme Loi dans le réel ; vient du réel. C’est là, me semble-t-il, qu’il y a une hypothèse vraiment nouvelle : il y a une orientation dans le réel. C’est ça notre nouvelle mythologie, plus que l’oedipe devenu un bavardage trop commode. A partir de cette trouvaille, un gros travail de Lacan aura été d’ancrer la psychanalyse dans ce qu’il a appelé l’au-delà de l’oedipe – soit l’entre-deux-morts dont on ne sort que par la production d’une oeuvre : la « suppléance » qui re-nomme l’auteur.

A B Y S S E S

 

 » Juste sous la surface, il y a un autre monde, et encore d’autres mondes à mesure que l’on creuse. Je le savais quand j’étais enfant, mais je n’en avais pas la preuve. C’était juste un sentiment. Il y a de la bonté dans un ciel bleu et les fleurs, mais une autre force – une douleur sauvage et une décomposition – accompagne également tout. « 

David Lynch, cinéaste du dévoilement du réel et de l’inquiétant dans le familier.

[1946-2025]


Brèves

 

ALORS MOI AUSSI JE DIS NON ?

Pas de Ça, chez nous

Article écrit par Marianne Carabin

Ça parait simple comme bonjour.
Une rencontre comme il y en a mille. Une rencontre comme une autre. Un homme ? Une « femme ». Un bal. Une fête. Un regard. Une danse. Un baiser. Stop. Ça devrait s’arrêter là.
On ne veut plus savoir. Après ça, on ne veut plus savoir.

HORS DE MOI

Embryon 

[ … ] le sentiment du Moi que possède l’adulte n’a pu être tel dès l’origine. Il a dû subir une évolution qu’on ne peut évidemment pas démontrer, mais qui, en revanche, se laisse reconstituer avec une vraisemblance suffisante. Le nourrisson ne différencie pas encore son Moi d’un monde extérieur

PERDRE ?, MOI ?, JAMAIS.

Extrait du texte d’Anne Dufourmantelle, Intelligence du rêve, Manuels Payot, 2012, dans lequel l’auteure interroge aussi les figures symboliques de l’ange, du génie poétique et du daimôn, messagers de la parole comme le rêve l’est de notre plus secrète identité.

Aux abords du trauma

Le rêve construit des scénarios dont nous sommes les héros secrets, nous offrant ainsi, en dépit du danger ou grâce à lui, une royauté reconquise. La jeune adolescente au moment de ses règles devrait comprendre qu’il est temps de se séparer de sa mère, de conquérir un espace propre qu’elle ne devra qu’à son courage, sa détermination, sa confiance en la vie aussi. La mélancolie est parfois, dit J-P Winter*, le signe que nous avons abdiqué et que nous le savons ; elle nous hante de ce savoir que nous aurions dû ou pu combattre, au moins nous révolter, et que nous n’en avons pas eu la force. Elle trahit ce silence secret, c’est pourquoi elle est toujours aussi une colère.

CECI EST MON PÈRE

Remerciements des plus sincères à Frédéric Gohr qui aura accepté la publication de ses mots sur ce site. C’est déjà ça.

 

Je t’aime ; c’est non.

Albrecht G., mon père, n’était pas un héros. C’était un môme mal construit juste avant la seconde guerre avec un nom prussien et, chemin de traverse de la génétique, une gueule d’espagnol. Ses parents : son père souvent absent, sorte de dandy spectral, personnage mystérieux sorti d’un roman de Drieu La Rochelle, sa mère aimante, catholique pratiquante, courageuse, mais très anxieuse.